L'organisation Christian Solidarity Worldwide a renouvelé, le 31 octobre dernier, son appel pour une action internationale urgente Myanmar. L'armée a en effet intensifié sa campagne contre les minorités religieuses et particulièrement la communauté chrétienne.
Depuis le coup d’État de février 2021, les forces armées birmanes mènent une répression sévère notamment dans les régions à majorité chrétienne. Le fondateur et président de l’organisation Christian Solidarity Worldwide (CSW) qui oeuvre pour la défense des droits de l’homme, Mervyn Thomas, a déclaré le 31 octobre, que la situation actuelle des chrétiens et des autres minorités religieuses au Myanmar exigeait une action internationale urgente, rapporte le Christian Today.
La CSW a recensé 220 églises détruites et au moins 85 religieux tués, principalement par des frappes aériennes, des bombardements et des actes de torture, de février 2021 à juillet 2025.
Face à cette situation, le président de l’organisation appelle à reconnaître ces répressions comme une "attaque contre la foi" :
"Alors que les chrétiens du monde entier priaient hier pour l’Église persécutée, les croyants du Myanmar continuent de subir une répression brutale. Le ciblage délibéré des églises et des pasteurs par la junte doit être reconnu pour ce qu’il est, une attaque contre la foi elle-même."
Dans la continuité de cet appel, Mervyn Thomas demande également la suppression des ordres administratifs discriminatoires qui, depuis le tremblement de terre du 28 mars dernier dans le centre de Myanmar, empêchent les minorités religieuses de reconstruire leurs lieux de culte. Il appelle également à garantir la liberté de culte, notamment dans certaines parties des États de Rakhine et de Yangon où les réunions d’églises de maison sont interdites depuis 2023.
Le président de l'organisation a par ailleurs recommandé l’abrogation immédiate de la loi sur la conscription de 2024, qui force l'enrôlement des jeunes dans l’armée, et qui, selon lui, est utilisée comme un outil de persécution pour alimenter la guerre civile.
Ennemis de l'Etat
Parallèlement, le chef de la junte, Min Aung Hlaing, couramment présenté comme protecteur du bouddhisme, utilise des milices nationalistes telles que Pyu Saw Htee pour cibler les chrétiens et les musulmans présentés comme des ennemis de l’État soutenus par l’étranger.
En réponse, le CSW a averti que cette tactique fait partie de la stratégie militaire visant à affaiblir les réseaux communautaires qui fournissent nourriture, abri et aide humanitaire aux personnes déplacées. Ainsi le fondateur de l’organisation a demandé une "aide humanitaire (...) destinée directement aux organisations locales de la société civile":
"La communauté internationale doit imposer des sanctions ciblées sur l’approvisionnement en carburant pour avions de l’armée du Myanmar et fournir une aide humanitaire contournant la junte, destinée directement aux organisations locales de la société civile et aux associations confessionnelles."
Selon l’ONG Portes Ouvertes, plus de 2,8 millions de personnes sont déplacées à cause des conflits, dont un nombre croissant de chrétiens, manquant de nourriture et d’accès aux soins médicaux.
Elormise Pierre