Nicaragua : L’Eglise se plaint de « répression » et les proches de détenus politiques dénoncent des mauvais traitements

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Au Nicaragua, l’Eglise catholique se plaint de « répression » et de harcèlement, tandis que les proches de plus de 180 opposants au gouvernement du président Daniel Ortega incarcérés ont dénoncé lundi les mauvais traitements infligés aux détenus.

Cinq organisations de proches d’opposants emprisonnés ont lancé un « appel urgent » pour leur « libération immédiate » en raison de leur « détérioration extrême physique et mentale ».

Les opposants emprisonnés sont victimes d’une « politique de mauvais traitements (...) afin de (les) épuiser, exterminer ou mutiler », dénonce un communiqué commun.

Plus d’une quarantaine d’opposants accusés notamment d' »atteinte à l’intégrité nationale » et de blanchiment d’argent ont été arrêtés dans les mois qui ont précédé l’élection présidentielle de novembre dernier. Daniel Ortega a été reconduit pour un quatrième mandat consécutif, sans adversaire sérieux, sept d’entre eux ayant été arrêtés. Le scrutin a été qualifié de « mascarade » » à Bruxelles comme à Washington.

Au moins 45 opposants, accusés par le gouvernement d’avoir comploté pour renverser Daniel Ortega avec le soutien des Etats-Unis, ont été condamnés depuis février à des peines allant jusqu’à 13 ans de prison.

Les proches des prisonniers ne cessent de dénoncer des conditions de détention qui sapent leur santé jusqu’à une « hospitalisation tardive ou en urgence ».

En février, Hugo Torres, un héros de la guérilla sandiniste passé à l’opposition au président Ortega, est mort en détention à l’hôpital.

Les organisations de proches des opposants détenus se sont déclarées particulièrement inquiètes pour l’état de santé de trois prisonniers, et plus particulièrement pour Nidia Barbosa, une militante de 66 ans qui souffre « de graves problèmes cardiaques » et hospitalisée la semaine dernière.

Les proches des prisonniers ont manifesté leur solidarité avec Mgr Rolando Alvarez, l’évêque de Matagalpa (nord). Le prélat, chargé de communication de la conférence épiscopale, est retranché depuis jeudi dans son église et s’est déclaré en grève de la faim pour protester contre le harcèlement policier dont il dit être la cible après avoir dénoncé la répression contre l’opposition.

Le curé d’une paroisse de Masaya (sud), Harvy Padilla, assure de son côté que la police l’empêche de sortir de son église et a interdit dimanche aux fidèles de se rendre à la messe qu’il célébrait.

Le gouvernement nicaraguayen a accusé les évêques d’avoir prêté la main à une « tentative de coup d’Etat » pour avoir donné refuge à des manifestants dans des églises lors de la répression sanglante des manifestations de l’opposition en 2018.

Depuis, la tension n’est jamais retombée entre l’Eglise catholique et le gouvernement, qui a expulsé le nonce apostolique en mars. Vendredi, les autorités ont suspendu la transmission par câble de la chaîne de télévision catholique.

Mgr Carlos Aviles, vicaire de l’archidiocèse de Managua a dénoncé dimanche la « réduction au silence » de la chaîne de télévision : « le pacifisme radical dérange les violents, les criminels. Ils ne supportent pas qu’on leur jette à la figure leur impopularité, a-t-il lancé.

La Rédaction (avec AFP)


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