Des hommes armés ont tué deux personnes mardi soir dans l'attaque d'une église dans l'ouest du Nigeria, au cours d'une messe retransmise en direct, suscitant une vive émotion sur les réseaux sociaux.
Cette attaque intervient quelques jours seulement après l'enlèvement par des hommes armés non identifiés de 25 lycéennes dans l'école pour filles de Maga, un internat de l'État de Kebbi, dans le nord-ouest du pays, au cours de la nuit de dimanche à lundi. Une des jeunes filles est parvenue à s'échapper, ont indiqué les autorités.
On ignore pour l'heure l'identité des assaillants, jihadistes ou simples bandits.
Mardi vers 18H00 locales, plusieurs hommes armés ont fait irruption dans la petite église d'Eruku, située dans l'État de Kwara, interrompant les fidèles venus prier.
L'attaque a été filmée par une caméra de l'église qui enregistrait la messe. La vidéo, qui a suscité une vive émotion sur les réseaux sociaux où elle a été diffusée, montre une vingtaine de fidèles interrompant leurs prières au son de détonations d'armes à feu provenant de l'extérieur de l'église. Des cris d'enfants y sont entendus.
Puis on voit un homme armé chassant les fidèles cachés derrière des rideaux et des meubles de l'église tandis que plusieurs autres dérobent les sacs et les effets personnels abandonnés sur les bancs de l'église, pendant que les tirs se poursuivent.
Plusieurs morts
"Les policiers, en collaboration avec des vigiles, ont rapidement réagi aux coups de feu provenant de la périphérie de la ville, ce qui a poussé les malfaiteurs à s'enfuir dans la brousse", a expliqué la police de l'État de Kwara dans un communiqué diffusé dans la nuit.
"Après une fouille minutieuse de la zone, un homme, M. Aderemi, a été découvert mortellement blessé par balle à l'intérieur de l'église apostolique du Christ, à Oke Isegun, tandis qu'un autre homme, M. Tunde Asaba Ajayi, victime d'un tir mortel, a été retrouvé dans la brousse", a détaillé la police, ajoutant qu'un troisième homme avait été blessé par balle et transporté à l'hôpital.
Le gouverneur de l'État de Kwara, AbdulRahman AbdulRazaq, "a demandé que des renforts de sécurité supplémentaires soient déployés de toute urgence", a déclaré le bureau du gouverneur dans un communiqué mercredi matin.
Michael Agbabiaka, 62 ans, secrétaire de cette église d'Eruku fait quant à lui état de "trois morts", "un blessé", mais aussi de "35" personnes "enlevées" par les assaillants.
Un bilan qui n'a pas pu être vérifié, les autorités locales et la police n'ayant pas répondu aux sollicitations de l'AFP dans l'immédiat.
Suite aux récentes attaques dans le pays en l'espace de quelques jours, "le président (Bola) Tinubu a placé les forces de sécurité de notre pays en état d'alerte maximale", a déclaré le ministre de l'Information et de l'Orientation nationale nigérian, Mohammed Idris, lors d’un point presse à Abuja mercredi.
Deux attaques
Ces événements ont eu lieu alors que le président américain Donald Trump menace d'intervenir militairement au Nigeria en raison d'allégations selon lesquelles les chrétiens du pays seraient massacrés.
Cette rhétorique est poussée à Washington par des élus conservateurs, ainsi que des associations de défense des chrétiens. Abuja s'en défend, mais affirme être en pourparlers avec le gouvernement américain au sujet d'une coopération en matière de sécurité.
Dernièrement, les attaques de bandits se sont multipliées à Kwara, notamment les enlèvements contre rançons, poussant le président nigérian Bola Tinubu à ordonner en octobre le déploiement de personnels militaires dans les forêts de l'État, où les gangs établissent des campements et se cachent.
Dans le pays, qui est classé 7e dans l'Index Mondial de Persécution des Chrétiens 2025 de l'ONG Portes Ouvertes, "les chrétiens sont tués, mutilés, enlevés et violés" en raison de leur foi. Les survivants perdent leur terre et fuient dans des camps de déplacés internes où ils sont ensuite discriminés" indique l'organisation.
Dans un précédent entretien réalisé avec le pasteur nigérian Fred Williams, il nous avait confié croire qu'un "génocide moderne est en cours".
"L’ampleur est énorme : des milliers de morts, des millions de déplacés, des communautés détruites, des moyens de subsistance anéantis."
Les attaques de criminels dans les lieux de culte sont courantes, non seulement pour des raisons religieuses mais aussi car des gangs armés appelés "bandits" pillent les biens des fidèles sur place. Ils sillonnent la moitié nord du pays, pillant les villages, tuant leurs habitants ou les kidnappant pour obtenir des rançons. Églises et mosquées sont régulièrement ciblées.
La Rédaction (avec AFP)