Nigeria : jusqu’à 200 chrétiens tués dans une vague d’attaques

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Plusieurs dizaines, voire plusieurs centaines de chrétiens ont été tués entre le 11 et le 14 juin au Nigeria, dans des attaques coordonnées menées par des hommes armés identifiés par des témoins comme des militants peuls. Si les estimations varient selon les sources, tous s’accordent sur l’ampleur de la tragédie, notamment dans la localité de Yelewata, dans l’État de Benue, au cœur du Nigeria.

Dans la nuit du vendredi 13 au samedi 14 juin, des hommes armés ont lancé une attaque d'une grande violence sur la communauté majoritairement chrétienne de Yelewata, dans le comté de Guma (État de Benue). L’agence nationale des secours nigériane (NEMA) a confirmé lundi qu’un grand nombre d’habitants avaient fui la localité après les violences.

Le gouverneur de l’État de Benue a annoncé dimanche un bilan officiel de 59 morts, tandis que des habitants évoquaient dès samedi plus de 100 victimes, rapporte l'Agence France Presse (AFP). Selon la NEMA, les conditions d’accès limitées et l’instabilité sécuritaire compliquent encore la confirmation d’un bilan définitif. L’agence évoque plus de 6 500 déplacés, dont 3 000 dans un besoin urgent de nourriture, d’eau et de soins médicaux.

Des témoignages font état d’un massacre ciblé de civils chrétiens

Des sources locales chrétiennes, comme l’organisation International Christian Concern (ICC), évoquent un bilan plus lourd. Selon leurs informations, plus de 200 civils, majoritairement chrétiens, auraient été tués lors d’une attaque méthodique ayant duré plusieurs heures dans la nuit du 12 au 13 juin.

D’après les témoignages recueillis par ICC, la plupart des victimes étaient des déplacés ayant fui d’autres violences dans la région. Beaucoup s’étaient réfugiés dans des étals du marché de Yelewata, transformés en abris de fortune, lorsque les assaillants auraient versé de l’essence sur les structures et y auraient mis le feu. Des familles entières auraient été brûlées vives.

Matthew Mnyam, ancien responsable régional de l’éducation et figure communautaire locale, a décrit "une attaque coordonnée à partir des flancs est et ouest de la localité", ajoutant que "des familles ont été totalement décimées". 

Des attaques auraient également visé un poste militaire voisin, près de Daudu. Deux soldats ont été tués selon plusieurs sources, bien que certains rapports non confirmés évoquent un bilan plus lourd. La police locale a indiqué que ses équipes étaient intervenues rapidement et que plusieurs assaillants avaient été neutralisés, sans préciser de chiffre de victimes civiles.

Une violence récurrente dans la région

Les événements de Yelewata s’inscrivent dans une tendance alarmante d’attaques intercommunautaires dans le centre du Nigeria, notamment entre éleveurs peuls, majoritairement musulmans, et agriculteurs sédentaires, majoritairement chrétiens. Le conflit, à l’origine foncièrement agraire, s’est complexifié avec des tensions religieuses et ethniques exacerbées.

Le contexte est aggravé par le changement climatique, la réduction des terres disponibles et la faiblesse de la réponse sécuritaire. Des organisations locales chrétiennes dénoncent également une impunité croissante : dans certaines zones comme le Plateau voisin, des embuscades quotidiennes précèdent souvent des massacres plus larges.

Selon Amnesty International, près de 6 900 personnes ont été tuées dans l’État de Benue au cours des deux dernières années, et 450 000 déplacées.

Camille Westphal Perrrier (avec AFP)

Crédit image : Shutterstock / hyotographics

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