
Le militant chrétien et figure emblématique du mouvement pro-démocratie à Hong Kong, Joshua Wong, déjà incarcéré, fait l’objet de nouvelles accusations au titre de la loi sur la sécurité nationale. Amnesty International et Human Rights Watch dénoncent une tentative politique de prolonger son emprisonnement et alertent sur le danger croissant pour les libertés fondamentales à Hong Kong.
Joshua Wong, militant chrétien et ancien leader du mouvement pro-démocratie à Hong Kong, encourt désormais la prison à vie. Déjà détenu pour sa participation à des primaires non officielles considérées comme subversives par les autorités, il vient d’être inculpé pour "collusion avec des forces étrangères", selon la loi sur la sécurité nationale imposée par Pékin en 2020.
D’après AsiaNews, il est accusé d’avoir conspiré entre juillet et novembre 2020 avec l’activiste exilé Nathan Law et d’autres personnes non identifiées pour inciter des pays étrangers à imposer des sanctions contre Hong Kong et la Chine. Une accusation jugée "cruelle et scandaleuse" qui pourrait prolonger indéfiniment son incarcération.
"Ces nouvelles accusations contre Joshua Wong sont arbitraires, cruelles et scandaleuses", dénonce Maya Wong, directrice Chine chez Human Rights Watch.
"Alors qu’il purge déjà une peine sur la base de charges fallacieuses, le voilà subitement frappé par une autre accusation motivée politiquement."
Pour Amnesty International, il ne fait aucun doute que le gouvernement cherche à empêcher Joshua Wong de retrouver sa liberté. Sarah Brooks, directrice Chine de l’organisation, affirme :
"Cette nouvelle inculpation met en évidence la peur des autorités à l’égard des dissidents de premier plan et montre qu’elles sont prêtes à tout pour les maintenir derrière les barreaux le plus longtemps possible, ce qui a pour effet de paralyser le militantisme civique à Hong Kong. Le gouvernement de Hong Kong doit abandonner ces accusations et cesser d’appliquer la Loi sur la sécurité nationale, ce que demandent les organes des Nations unies. Enfin, il doit libérer toutes les personnes emprisonnées pour avoir simplement exercé leurs droits fondamentaux."
Militant de longue date, Joshua Wong s’était déjà exprimé en 2020 à travers une vidéo publiée par l’AFP, appelant la communauté internationale à être "solidaire avec Hong Kong". Le 2 décembre de la même année, il était condamné à 13 mois et demi de prison pour avoir participé à un rassemblement non autorisé en 2019. Dans un tweet publié par ses amis après sa condamnation, on pouvait lire :
"Ce n’est pas la fin du combat. Nous rejoignons maintenant la bataille en prison avec de nombreux manifestants courageux, moins visibles mais essentiels dans la lutte pour la démocratie et la liberté à Hong Kong."
Dans une lettre adressée au journal allemand Die Welt en novembre 2020, Wong décrivait les conditions très dures de sa détention : isolement, lumière allumée 24h/24, interdiction de sortir, aucune interaction avec d’autres prisonniers. Une situation qu’il attribuait à sa notoriété et à son engagement pour les droits des détenus.
Chrétien engagé, Wong puise sa force dans la foi et cite régulièrement Romains 5, 3-4 :
"L’affliction produit la persévérance, la persévérance la victoire dans l’épreuve, et cette victoire l’espérance."
Depuis l’adoption de la loi sur la sécurité nationale, plus de 300 personnes ont été arrêtées, selon les organisations de défense des droits humains. L’introduction récente de l’article 23, un texte local venant renforcer encore la répression, accentue la crainte d’une extinction totale de la liberté d’expression à Hong Kong.
Selon Amnesty, il est urgent que les autorités hongkongaises abandonnent toutes les charges contre Joshua Wong et les autres militants poursuivis uniquement pour avoir exercé leurs droits fondamentaux.
Camille Westphal Perrier