“On évangélise beaucoup, mais on obtient peu de résultats" : un théologien espagnol mène l'enquête

“On évangélise beaucoup, mais on obtient peu de résultats"  un théologien espagnol mène l'enquête

Dans un entretien accordé à Protestante Digital, le théologien Máximo Álvarez partage les résultats de son étude sur "la résistance et la réceptivité" des Espagnols face à l’Évangile. Il invite les Églises à repenser en profondeur leur manière d’annoncer la foi.

Pourquoi les efforts évangéliques déployés en Espagne produisent-ils si peu de conversions parmi les Espagnols de souche ? C’est à cette question que répond le théologien Máximo Álvarez dans son ouvrage L’Espagnol et la conversion à Christ. Résistance et réceptivité, (ouvrage qui existe uniquement en espagnol) fruit d’une enquête de terrain menée à travers le pays. 

“On mène beaucoup d’évangélisation, mais on obtient peu de résultats”, constate le docteur en théologie qui est également le directeur  d’Evangelismo a Fondo (EVAF) dans un entretien accordé à Protestante Digital, également repris par Evangelical Focus. Selon ses calculs, les Églises évangéliques de taille moyenne enregistrent en moyenne moins de trois conversions par an. Un chiffre qu’il juge alarmant.

Parmi les obstacles à la conversion, Máximo Álvarez évoque l'identité collective espagnole, historiquement construite autour d’une unité religieuse, celle du catholicisme, perçue moins comme une foi personnelle que comme un marqueur culturel et national. “Pour beaucoup, se convertir, c’est trahir sa famille, son identité, sa nation”, souligne le chercheur. Aussi, la société espagnole, à l’instar d’autres pays européens, est selon lui de plus en plus marquée par la sécularisation qui relègue la question spirituelle à la sphère privée, voire l’évacue comme inutile ou dépassée.

Un ensemble de facteurs qui contribue à rendre le message évangélique difficilement audible.

Álvarez pointe aussi des failles internes aux Églises : “Nous parlons beaucoup de Dieu, mais nous ne présentons pas l’Évangile clairement.” Il dénonce des croyants découragés, des méthodes importées peu adaptées au contexte espagnol, et une vie d’Église marquée par la routine.

"Quand nous évangélisons remplis du Saint-Esprit, en partageant notre foi avec passion et la puissance de Dieu, les gens sont aussi plus ouverts au message."

Mais son étude montre également que la société perçoit la foi évangélique comme sincère et apprécie l’engagement social des Églises. “Quand on propose de prier pour quelqu’un, la majorité accepte. C’est une porte ouverte", affirme-t-il. C'est aussi, le témoignage personnel qui a un poids décisif selon le théologien : "Pour l’Espagnol, rien n’existe s’il ne l’a pas vécu intérieurement".

"Les témoignages personnels sont très importants. La société reconnaît qu’il y a une puissance dans la foi, surtout en période de crise profonde. L’Église devient un agent de transformation sociale lorsqu’elle impacte son environnement proche, comme la famille, les amis et les connaissances."

Le chercheur appelle ainsi l’Église à se réformer, à mieux former ses membres et à privilégier les relations personnelles. 

“Il ne suffit plus de dire que c’est à cause du péché ou de l’athéisme. Il faut aller plus en profondeur.”

Camille Westphal Perrier

Crédit image : Shutterstock / V_E / Ville espagnole de Stiges près de Barcelone 

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