Pakistan : après treize ans de prison pour blasphème, un pasteur décède d'une crise cardiaque à son domicile

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Le 5 octobre dernier, le pasteur Zafar Bhatti est décédé des suites d’une crise cardiaque à son domicile dans la province du Pendjab au Pakistan. Trois jours plus tôt, il avait été libéré de prison après l’annulation de sa condamnation pour blasphème. Il est resté treize années enfermé.

Le pasteur Zafar Bhatti a été arrêté en juillet 2012 après avoir été accusé, par un religieux islamiste, de manquer de respect envers le prophète de l’islam dans des SMS, rapporte Morning Star News. En vertu de la loi contre le blasphème au Pakistan, il avait été condamné à la prison à perpétuité le 3 mai 2017 par un tribunal de première instance.

Depuis 2019, le pasteur avait survécu à plusieurs crises cardiaques en prison et en 2022, l'association de défense des droits de l'homme British Asian Christian Association (BACA) a demandé la libération du pasteur pour raison médicale. 

"Zafar a connu de graves complications, notamment des vomissements de sang après avoir reçu des médicaments de l'équipe médicale de la prison, ce qui a incité notre équipe juridique à demander sa libération pour raisons médicales."

Cette année, le personnel de la prison aurait observé que son cœur s’était considérablement détérioré, à environ 15%, selon BACA.

Ainsi, le 2 octobre, la Haute Cour de Lahore a annulé sa condamnation et le pasteur âgé de 62 ans a pu rentrer à son domicile. Seulement, trois jours plus tard, il est décédé des suites d’une crise cardiaque à Rawalpindi, dans la province du Pendjab.

"Bien que son voyage terrestre soit terminé, la foi, l'endurance et la justification ultime de Zafar restent un puissant témoignage d'espoir en Christ au milieu de la persécution", a ajouté l'association. Le pasteur a été enterré dans la ville portuaire de Karachi, selon ses dernières volontés.

Les chrétiens "subissent de plein fouet les lois antiblasphème"

Dans un rapport publié le 9 juin par Human Rights Watch, l’organisation révèle que les lois pakistanaises contre le blasphème sont utilisées afin d'"attaquer les communautés marginalisées", dont les chrétiens.

"Le gouvernement pakistanais devrait réformer de toute urgence ses lois sur le blasphème afin d'empêcher qu'elles ne soient instrumentalisées pour faire chanter ses rivaux, régler des comptes personnels et attaquer les communautés marginalisées."

Le pays est classé 8e dans l’Index Mondial de Persécution des Chrétiens 2025 de l’ONG Portes Ouvertes. Sur place, "les chrétiens sont considérés comme des citoyens de seconde classe et subissent de plein fouet les lois antiblasphème." 

"C’est dans la province du Pendjab que la plupart des chrétiens vivent et que de nombreux incidents de persécution, de discrimination et d’intolérance se produisent."

Mélanie Boukorras

Crédit image : Morning Star News

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