Pakistan : le Parlement interdit le mariage des mineurs dans la capitale, un espoir pour les jeunes filles chrétiennes

Le Parlement pakistanais adopte une loi interdisant le mariage des mineurs à Islamabad. Une avancée majeure dans un pays où les unions forcées et les conversions religieuses imposées touchent chaque année des centaines de jeunes filles, notamment chrétiennes.
Le 19 mai, le sénat pakistanais a adopté une loi interdisant les mariages pour les moins de 18 ans dans la capitale Islamabad. Portée par la députée Sharmila Faruqui du Parti du peuple pakistanais (PPP), la loi vise à "éradiquer progressivement les mariages d’enfants", selon les mots du texte, et prévoit des peines allant jusqu’à sept ans de prison pour les auteurs de mariages forcés.
D’après Morning Star News, ce projet de loi a provoqué la colère du parti islamiste Jamiat Ulema-e-Islam-Fazl (JUI-F), dont les membres dénoncent un texte “contraire à l’islam”. Malgré une tentative de blocage, la loi a été validée et attend désormais la signature du président Asif Ali Zardari pour entrer en vigueur.
Dans un pays à plus de 95 % musulman, la charia conserve une forte influence sur les pratiques sociales. Officiellement, la loi interdit les mariages de mineures, mais la réalité est bien différente. Le Pakistan est le 6e pays au monde comptant le plus de mariages de filles de moins de 18 ans, selon un rapport des Nations unies datant de 2020. Et pour les minorités religieuses, cette pratique est souvent liée à une autre tragédie : les conversions forcées.
En effet, chaque année, près de 1 000 jeunes filles chrétiennes ou hindoues, entre 12 et 25 ans, sont enlevées, converties à l’islam et mariées de force à leurs ravisseurs, selon l’ONG Portes Ouvertes.
Ejaz Alam Augustine, membre chrétien de l’Assemblée du Pendjab, a salué cette proposition de loi, estimant qu'il s'agissait d’une avancée décisive pour la protection des enfants, en particulier des filles.
"Nous nous réjouissons de l’adoption de cette loi et espérons que le projet de loi contre le mariage des enfants, en attente depuis plus d’un an à l’Assemblée du Pendjab, sera également bientôt soumis au vote", a-t-il confié à Morning Star News.
"Cette législation est également essentielle pour protéger les jeunes filles chrétiennes du fléau des conversions forcées, les auteurs exploitant la religion pour enlever et marier des mineures."
L’adoption de cette loi, même limitée à la capitale, pourrait ainsi devenir un précédent juridique important dans la lutte contre les abus touchant les jeunes filles issues des minorités, en particulier dans les provinces rurales, où l’accès à l’éducation et à la justice reste limité.
Camille Westphal Perrier