Patrimoine religieux en France : les églises, un sujet politique sensible

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L’ancienne ministre de la Culture, Roselyne Bachelot, a récemment affirmé qu’il ne serait pas possible de conserver toutes les églises, notamment le patrimoine religieux du XIXe siècle qui nécessite un entretien couteux. Une déclaration qui a suscité une vive réaction de la part du président LR de la région Auvergne-Rhône Alpes, Laurent Wauquiez. 

Dans son nouvel ouvrage, « 682 jours : le bal des hypocrites », Roselyne Bachelot a récemment affirmé qu’il est « impossible » de conserver toutes les églises, en raison du budget que leur entretien nécessite. Interrogée à ce sujet sur le plateau de « C à vous » le 8 janvier, elle a déclaré qu’il y a « un patrimoine cultuel du XIXe siècle qui n’a pas un grand intérêt » et qu’il va falloir choisir.

L’ancienne ministre a ajouté que ce sera le rôle des citoyens intéressés de se mobiliser pour entretenir et conserver ces édifices religieux, mais que ce ne doit pas être le rôle de l’Etat ou des collectivités publiques qui doivent, selon elle, se recentrer « sur un patrimoine notoire ».

Des déclarations qui ont fait bondir Laurent Wauquiez. Dans un communiqué intitulé « Non madame Bachelot, nous ne raserons pas nos églises ! », le président de la région Auvergne-Rhône Alpes a appelé à « ne pas se résigner à déconstruire notre patrimoine » et à « mobilier toutes les énergies ».

Il a annoncé que la région avait débloqué depuis 2018 plus de 20 millions d’euros pour « des opérations de restauration d’édifices religieux » et qu’elle engagerait 30 millions sur le mandat en cours.

« La Région Auvergne-Rhône-Alpes mène en effet une politique ambitieuse en matière de valorisation et protection de son patrimoine religieux. Depuis 2018, plus de 20 millions d’euros de fonds régionaux ont été dédiés à des opérations de restauration d’édifices religieux. Elle engagera sur le mandat en cours plus de 30 millions d’euros. »

M. Wauquiez a ajouté que cette action couplée au travail « conduit avec le Loto du patrimoine de Stéphane Bern ou la Fondation du Patrimoine » sont « la meilleure façon de répondre à la déclaration de Mme Bachelot ».

Dans la foulée de cette récente passe d’armes entre les deux anciens ministres, l’intervention de Gerald Darmanin dans une affaire locale impliquant la dégradation d’une église du Rhône vient illustrer la sensibilité politique du sujet des églises.

Un suspect arrêté pour des dégradations dans une église du Rhône

Le ministre de l’Intérieur a annoncé vendredi sur Twitter qu’un homme soupçonné d’avoir perpétré des dégradations dans une église du Rhône a été arrêté et placé en garde à vue. Dans ce tweet, il a également manifesté son « soutien aux catholiques du Rhône après la dégradation » du lieu de culte.

Soutien aux catholiques du Rhône après la dégradation de l’église Saint-Louis-Roi à Champagne-au-Mont-d’Or.
Un individu a été interpellé et placé en garde à vue.

— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) January 12, 2023

 

L’église Saint-Louis-Roi, à Champagne-au-Mont-d’Or (Rhône), a fait l’objet de dégradations et destructions mardi, a déploré dans un communiqué le père Martin Charcosset, curé de l’ensemble paroissial Saint-Jean-Marie Vianney.

« Les objets présents dans l’église – cierges, livres, vases, etc. – ont été jetés au sol. La crèche installée devant l’autel a été retournée et endommagée. Le chemin de croix et les tableaux du chœur sont pour l’essentiel détruits, de même que deux grands crucifix », a détaillé le père Charcosset, annonçant la suspension sine die des offices religieux.

Selon le parquet de Lyon, l’individu a « rapidement (été) identifié grâce à la vidéosurveillance de la commune » puis interpellé par les gendarmes de Limonest mercredi.

« Une expertise psychiatrique a conclu à l’abolition de son discernement » et sa garde à vue doit bientôt être levée « afin qu’il soit hospitalisé », a-t-il ajouté.

« L’enquête se poursuit afin de déterminer les circonstances exactes de la commission de ces dégradations et le degré de responsabilité de leur auteur », a conclu le parquet.

Selon le père Charcosset, « ces actes, du fait de leur violence et de leur cible, constituent ce que l’Église nomme une profanation: la volonté d’attenter à la sainteté du lieu », ajoutant que l’église serait « bientôt nettoyée ».

En attendant la reprise du culte, un rite pénitentiel y sera célébré vendredi soir par l’archevêque de Lyon Olivier de Germay, a-t-il ajouté.

Camille Westphal Perrier (avec AFP)

Crédit image : Shutterstock/ EBASCOL

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