Perfectionnisme : Défaut ou qualité ?

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« S’il manquait une majuscule ou s’il y avait une faute d’orthographe, j’avais envie de tout jeter, corriger et réimprimer mon travail! ». Si, comme Suzi, 41 ans, vous considérez la moindre imperfection comme un échec total ou que vous passez des heures à astiquer votre maison pour vous dire que, finalement, le résultat n’est pas encore à la hauteur, pas de doute, vous faites partie de la grande famille des perfectionnistes. Défaut ou qualité ?

Un sain perfectionnisme

Qui n’a jamais eu recours au classique et commode « je suis perfectionniste » lors d’un entretien d’embauche? On le cite comme défaut, en espérant le faire passer pour une qualité: celle d’une personne qui s’efforcera d’effectuer son travail jusque dans les moindres détails, quitte à faire une croix sur sa vie privée. En ce sens, la psychologie distingue même le perfectionnisme « sain » du perfectionnisme « malsain », sous-entendant que, pour ce trait de personnalité, tout est question de mesure... Alors, peut-on être perfectionniste, « mais pas trop »? Qu’en est-il sous l’angle de la vie chrétienne?

Tout s’écroule quand survient l’échec

D’un côté, il est vrai que le perfectionnisme peut supposer une forte motivation à réussir et permettre de grands accomplissements. Mais il faut reconnaître que c’est bien souvent l’orgueil qui est au cœur de ce trait de caractère. Par définition, un perfectionniste a « besoin d’être ou de sembler parfait ».

Le problème: la tentation de se rendre parfait par ses propres forces. Le risque est alors de se prendre soi-même comme référence plutôt que Dieu.
Tant que la réussite est là, la vie nous sourit. « Mais que se passe-t-il quand on arrive au bout des capacités humaines? », interroge le pasteur Pierre Burgat. Puisque l’on on ne comptait que sur nos propres facultés, l’échec nous apparaît alors comme dramatique, inadmissible.

Le perfectionnisme, un chemin d’insatisfaction

Le perfectionnisme nous pousse à nous focaliser sur ce que nous avons fait de faux, il nous donne l’impression d’avoir sans cesse échoué, renforce notre sentiment de devoir toujours en faire plus et conduit donc à une forme d’insatisfaction et à des déceptions. Normal, puisque nous courons après des standards impossibles à atteindre. Léa, 26 ans, se souvient:

« J’avais une forte tendance à m’investir à 300% et, afin de ne pas me décevoir ni décevoir les autres, j’en faisais souvent trop. J’avais l’impression de ne pas être à la hauteur des attentes des gens. »

De plus, nous risquons d’en faire pâtir aussi notre entourage, puisque nous jugeons ceux qui n’ont pas fait les choses selon nos standards de perfection.

Suzi reconnaît:

« Pendant des années, j’ai été obnubilée par le fait de mettre en lumière les erreurs des autres. C’était frustrant pour tout le monde. »

De plus, le perfectionniste s’expose tôt ou tard à de fortes déceptions, puisqu’il vise des standards d’excellence extrêmement difficiles, voire impossibles à atteindre.

Se considérer selon le point de vue de Dieu

Faut-il donc capituler dans une attitude de résignation? « Nous sommes appelés à la perfection divine, mais par Dieu », éclaire Pierre Burgat. Dans cette perspective, le perfectionnement est donc un processus par lequel nous reconnaissons nos fautes avec humilité, puis nous recevons le pardon. Le chemin du perfectionnement passe par le fait de s’accepter, en sachant que « Dieu nous accepte tels que nous sommes: des pécheurs pardonnés », précise Pierre Burgat. Dieu nous regarde au travers de son Fils Jésus et nous voit comme recouverts d’un manteau de justice.

Le perfectionnisme, qui nous pousse à vouloir être parfaits, peut donc être neutralisé en laissant Dieu agir en nous. En guise d’encouragement, n’oublions pas, comme l’écrit Bob Gass, que « Dieu ne nous juge pas aussi durement que nous le faisons nous-mêmes ».

R. Piaget

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Article initialement publié en novembre 2021.


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