Plan de déconfinement : Le Parti Chrétien-Démocrate dénonce la menace qui pèse sur la liberté de culte

Le Parti Chrétien-Démocrate estime que la liberté de culte est menacée et attaque cette décision discriminatoire en déposant un référé-liberté auprès du Conseil d’État.
L’annonce relative aux lieux de culte faite par Édouard Philippe lors de sa présentation du plan de déconfinement à l’Assemblée Nationale le 28 avril dernier a soulevé une vague d’indignations. De son côté, le Parti Chrétien-Démocrate (PCD) estime que la liberté de culte est menacée et dépose un référé-liberté auprès du Conseil d’État.
Dans son communiqué du 2 mai, le PCD commence par dénoncer une interdiction « discriminatoire ».
« Mardi 28 avril, devant l’Assemblée nationale, le Premier Ministre a annoncé le plan de déconfinement du 11 mai dans lequel l’interdiction des cérémonies religieuses est prolongée jusqu’au 2 juin. Cette interdiction est discriminatoire, tant à l’égard de l’activité spirituelle qu’à l’égard de tous les croyants, présumés incapables d’organiser les cérémonies conformément aux réglementations sanitaires en vigueur. »
Une décision qualifiée de « arbitraire et inédite » par ce parti, qui estime qu’elle atteint « gravement » aux libertés fondamentales.
« Cette décision arbitraire et inédite est par ailleurs gravement attentatoire aux libertés fondamentales. Il n’appartient pas à l’État de décider de diviser la liberté de culte, entre certains de ses aspects qu’il faudrait préserver, et d’autres qui pourraient être contraints. L’État est le garant de la liberté de culte des Français, liberté à valeur constitutionnelle. Cette division de la liberté fondamentale de culte concerne les croyants, mais, au-delà, tous les Français. Elle s’inscrit dans un mouvement général de restriction d’autres libertés tout aussi fondamentales, comme la liberté de manifester ou la liberté d’expression. »
C’est dans ce contexte que Jean-Frédéric Poisson, président du PCD, a publié vendredi une vidéo sur les réseaux sociaux. Il y rappelle l’importance de la neutralité de l’État.
« Cette neutralité de l’État invite donc à considérer que l’État ne doit pas décider, faire le tri dans telle ou telle pratique religieuse de ce qui serait important ou pas important, accessoire ou pas accessoire. L’État ne doit pas trier entre les pratiques religieuses, considérant que certaines d’entre elles seraient plus dangereuses que d’autres. Et il n’appartient pas à l’État de décider des modalités selon lesquelles les cultes devraient fonctionner et proposer leurs cérémonies à leurs fidèles. »
Et pour lui, Édouard Philippe « a outrepassé cette exigence de neutralité », réservant ainsi aux croyants « un double traitement de défaveur ».
« Le Premier Ministre a outrepassé cette exigence de neutralité en considérant, de manière implicite, que finalement on pouvait suspendre cette liberté de culte quelques jours supplémentaires en nous réservant un double traitement de défaveur. [...] Premièrement, le fait que cette interdiction soit maintenue invite à considérer que l’on fait assez peu confiance dans les communautés de croyants dans leur capacité à organiser de manière sanitairement sûre les offices auxquels ils pourraient se rendre. [...] Je veux dire au Premier Ministre que les croyants de toutes les confessions sont parfaitement capables d’organiser eux aussi la célébration de leurs cérémonies d’une manière qui soit parfaitement sécurisée sur le plan sanitaire. [...] Le deuxième traitement de défaveur qui nous est réservé, c’est une idée fausse de ce qu’est la pratique religieuse. Selon cette idée que finalement ça ne serait pas un besoin essentiel. [...] Il y a derrière cette volonté l’idée que la pratique religieuse peut se réduire, par essence, à la méditation privée qu’on pourrait pratiquer au fond de son jardin, dans sa salle à manger, sur la plage, dans sa voiture ou n’importe où et que, finalement, il y a une espèce d’artifices à vouloir à tout prix que les croyants se réunissent dans des lieux identifiés et puissent pratiquer à plusieurs. Et bien non, je dois, et nous devons à la vérité de rappeler à l’Exécutif et à l’ensemble de nos concitoyens que la pratique religieuse est nécessairement collective, elle est nécessairement publique et qu’il ne sert à rien de continuer à subrepticement vouloir faire comme si on pouvait réduire la pratique religieuse à une dimension simplement privée. »
Le président du Parti Chrétien-Démocrate annonce donc être prêt à « attaquer la décision gouvernementale ».
« Donc, devant cette interdiction [...] le Parti Chrétien-Démocrate se réserve le droit d’aller devant les instances judiciaires pour attaquer cette décision gouvernementale. [...] Il y a pour nous une très belle occasion de redire ce qu’est, ce que doit être la pratique religieuse, l’importance d’une cérémonie collective dans la vie des croyants, dans la vie des non-croyants aussi, car même s’ils ne le savent pas forcément, les non-croyants bénéficient aussi de tout ce temps que les croyants passent à prier, à se réunir, ce qui leur permet d’ouvrir leur action sociale, et Dieu sait qu’elle est importante. »
Une attaque ainsi confirmée samedi par le PCD qui annonce sa décision de déposer un référé-liberté auprès du Conseil d’État pour contester le fondement de cette décision gouvernementale.
M.C.
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