Plusieurs organisations chrétiennes demandent un passage sûr pour les civils bloqués au Soudan

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Une centaine d’organisations, dont Christian Solidarity Worldwide, a signé une lettre commune afin de demander un passage sûr pour les civils bloqués à El Fasher dans l’État du Darfour au Soudan, le 2 octobre. La ville, "au bord d’une catastrophe", est assiégée depuis plus de 500 jours, selon l'ONU. 

Depuis le 15 avril 2023, les Forces armées soudanaises et les Forces de soutien rapide, qui partageaient le pouvoir militaire après le coup d'État, s’affrontent. Ce conflit a entraîné le déplacement d’au moins 13 millions de personnes, dont 8,6 millions à l’intérieur du pays.

Le 2 octobre dernier, le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Volker Türk, a alerté sur "un risque imminent d’atrocité à grande échelle" dans la ville d’El Fasher dans l’État du Darfour au nord du Soudan. En effet, depuis plus de 500 jours, les civils, au nombre de 260 000 dont 130 000 enfants, sont assiégés. 

"(La ville) est au bord d'une catastrophe encore plus grave si des mesures urgentes ne sont pas prises pour desserrer l'étau armé qui s'abat sur la ville et protéger les civils", a poursuivi Volker Türk.

Le même jour, une centaine d’organisations et d’acteurs humanitaires, dont Christian Solidarity Worldwide (CSW), un groupe qui œuvre pour garantir la liberté de religion et de conviction, a signé une lettre commune. Ensemble, ils demandent "de toute urgence un accès humanitaire sûr, notamment des voies d'évacuation volontaire pour les civils bloqués à El Fasher".

"Le risque d'atrocités est à son comble"

"Il n'existe aucune voie de sortie sûre". Voici le constat de cette lettre collective. Selon des témoignages sur place recueillis par CSW, des hommes et des adolescents sont tués sur le bord de la route. Ainsi "quitter El Fasher est désormais plus dangereux que de rester, malgré les bombardements quotidiens et constants", explique l'organisation. 

Les différents membres signataires demandent des itinéraires sûrs pour permettre à la population de quitter la ville, la désignation d’un coordinateur d’évacuation afin de gérer les départs, un accès humanitaire dans la ville afin de fournir une assistance vitale et des voies d’accès établies et surveillées.

"À l'heure actuelle, alors que le risque d'atrocités est à son comble, une action concertée est nécessaire pour agir et sauver des vies", ont-ils conclu. 

"Nous sommes également profondément préoccupés par les attaques contre les lieux de culte"

L'organisation Christian Solidarity Worldwide dénonce également la destruction et l'accaparement par les soldats des lieux de cultes, dont des églises. 

Entre mai et septembre, plusieurs bombardements menés par les Forces de soutien rapide ont touché l’Église épiscopale soudanaise de la ville. Lors du dernier raid, deux personnes qui s’étaient réfugiées dans l’église ont été tuées et cinq autres blessées. La communauté chrétienne s’était alors réfugiée dans les deux églises du camp de déplacés d’Abou Souk et du quartier d’al-Nasir, mais des sources de CSW indiquent que ces fidèles ont ensuite été déplacés, les bâtiments ayant été utilisés à des fins militaires.

"Nous sommes également profondément préoccupés par les attaques contre les lieux de culte qui, combinées à l'utilisation signalée de ces établissements religieux à des fins militaires, constituent des violations du droit international des droits de l'homme et du droit international humanitaire", a conclu Mervyn Thomas, président fondateur de CSW.

"Nous continuons d'appeler la communauté internationale à tout mettre en œuvre pour faire pression sur les parties au conflit afin qu'elles instaurent un cessez-le-feu immédiat à l'échelle nationale."

D’autres organisations chrétiennes ont également signé cette lettre. Il s’agit notamment de Save The Persecuted Christians, un mouvement américain qui diffuse "les faits et les causes de violence antichrétienne" dans le monde, du Conseil général de l’Église et de la Société, qui a déjà pris position sur plus de trente questions sociales ou encore l’organisation Pax Christi USA qui souhaite incarner la paix du Christ par son "témoignage du mandat de non-violence de la Croix". 

Mélanie Boukorras 

Crédit image : Shutterstock / kursat-bayhan

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