PMA pour toutes : Un psychanalyste alerte sur les « dégâts imputables à l’effacement du père » dans la filiation

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Dans son dernier livre L’avenir des pères, le psychanalyste Jean-Pierre Winter s’interroge sur les conséquences de « l’effacement du père » dans la filiation d’un enfant.

Des enfants et des adultes ayant grandi sans père, Jean-Pierre Winter en reçoit tous les jours dans son cabinet. Mais avec la PMA pour toutes les femmes qui figurerait dans le texte définitif de la loi de bioéthique, ce ne serait plus l’absence du père qui poserait question, mais son effacement. Non une place laissée vide, mais une place effacée.

Un choix dont personne ne peut aujourd’hui mesurer les conséquences, qu’il soit opposant ou favorable à la mesure.

Interrogé par Le Point en décembre dernier, le clinicien déclarait,

« D’abord le deuil d’un père, que celui-ci n’ait pas reconnu l’enfant, qu’il soit mort ou simplement absent, ce n’est pas rien, j’en vois chaque jour les conséquences chez mes patients, notamment au moment de l’adolescence ou lorsqu’ils deviennent parents à leur tour. Par ailleurs, et c’est là le plus important, une place inoccupée n’équivaut pas à une place effacée. Un père inconnu, c’est tout de même un père, c’est une place laissée vide qui renvoie symboliquement à quelque chose : le manque signale ce que l’on a perdu. Or, ce qu’instaurera une telle loi, c’est que cette place, à l’état civil, n’existera plus ! »

Et si cet effacement de la filiation prendra prochainement une tournure officielle, le praticien estime avoir été confronté à ses conséquences dans son cabinet depuis bientôt 40 ans.

« Ces dégâts se manifestent particulièrement à l’adolescence, parce que c’est l’âge du retour de ce qui avait été mal métabolisé dans la petite [...] La décision légale agit directement au niveau symbolique, elle supprime non un être, mais une place. »

Et pour Pierre Winter questionné cette fois par l’Atlantico, être éduqué dans un foyer homo-parental est très différent de l’effacement pur et simple du père.

« La filiation est une chose bien différente de l’éducation, car cela permet à un enfant de se repérer dans son histoire. »

Consulté à l’Assemblée Nationale le 20 juin 2018 lors d’une audition sur le thème « Procréation et société », il déclarait par ailleurs :

« Faire disparaître le père, le scotomiser, au nom de : ‘C’est nous qui t’aimons, c’est nous qui t’avons élevé, c’est nous qui avons fait pour toi tout ce qu’il fallait pour que tu sois heureux’... Ça ne va pas, parce que l’armature, l’armature psychique se construit sur un squelette, qui est l’arbre généalogique. »

Le psychanalyste alerte sur les conséquences possibles de la « négation d’une réalité biologique ». Il ne réduit d’ailleurs pas la problématique à l’effacement du père. La question se pose de la même manière dans le cas où la mère serait effacée de la filiation.

« Ma question est donc de savoir quel est l’effet, soit dans le cas d’un couple de lesbiennes, soit dans le cas d’un couple de gays, de l’effacement d’un des deux parents. »

H.L.


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