Présence Protestante : culte avec Gérard Hoareau, co-fondateur de Mission Vie et Famille

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Lors d'un culte chaleureux le 26 octobre, Gérard Hoareau, co-fondateur de Mission Vie et Famille, a exhorté les fidèles à exercer leur discernement face à la place grandissante du numérique dans leurs vies, en leur rappelant les richesses bibliques qui encouragent à toujours placer Dieu en premier.

"En effet, là où deux ou trois sont rassemblés en mon nom, je suis au milieu d'eux." Évangile de Matthieu, chapitre 18.

Un programme, une vidéo peut être intime, et réunir devant le poste des centaines de milliers de personnes. Ce rapport intime / public, est un enjeu quotidien auquel nous nous retrouvons de plus en plus confrontés via l’audiovisuel. Quelques exemples, vécus, ou presque :

Dimanche dernier, au culte, le pasteur de passage dans notre église, se lance pour raconter une histoire… Puis il se ravise in extremis : "Oups… comme votre culte est diffusé en ligne, je ne peux pas parler de choses privées impliquant d’autres personnes".

Autre exemple : nous sommes mi-octobre, une quarantaine de personnes participent aux cousinades organisées par Alice. Je prends une photo. Plusieurs cousins figurent dessus, dont un parent éloigné. Puis, d’un clic, je poste la photo sur ma page du Livre des visages (Facebook). Patatras, l’ami de l’un de mes amis sur Facebook, est l’employeur d’un parent éloigné que je viens photographier. Or, ce jour-là, ce parent éloigné était censé être en télétravail et pas à une réunion de famille…

Dernier exemple, pour le doute : je suis attablé au Vert Tulipe, le café en bas de la rue. J’attends mon rendez-vous. Sur la table d’en face, une femme tient son téléphone juste devant son visage, l’objectif de son smartphone pointé vers moi. Que fait-elle ? Est-elle en train de vérifier son maquillage en mode selfie ? De regarder quelque chose sur son téléphone ? Ou de filmer ce qu’il y a devant elle, donc moi avec ? Ne serait-elle pas en train de voler mon visage, de pénétrer avec son objectif dans mon espace intime ?

Et bien sûr, je ne peux évoquer cette tension entre intimité et visibilité sans évoquer le porno, fer de lance des industries de tous les nouveaux médias, cash machine pas net du tout…et en même temps, parangon de l’intime livrée en pâture jusqu’à l’obscénité. Comment peut-on en arriver là ?

L’histoire des cousinades, c’est peu ou prou l’histoire de la lovecam du concert de Coldplay qui, en juillet dernier, obligea le PDG de la société Astronomer, Andy Byron, à démissionner. Byron était pourtant dans un lieu public, souvent filmé, et, il est probable qu’il connaissait la tradition des lovecam…So what ? Comment a-t-il pu si benoîtement se faire piéger. Acte manqué ?

Intime, public… les réseaux sociaux tendent toujours plus ce rapport à l’élasticité si personnelle. Certains osent tout, c’est même à ça qu’on les reconnaît parait-il. Les décomplexés ont le vent en poupe. D’autres n’osent plus rien… ce qui n’est pas moins grave puisqu’ils laissent toute la place à ces fameux décomplexés.

Et vous, vous êtes plutôt "tout" ou "rien" ? Je montre tout, ou je ne dévoile rien ? Comment jugez-vous (si, si, vous jugez, je le sais) la visibilité que certains(se) donnent ?

Bien que nous soyons tous plus ou moins soumis, comme toute l’humanité, aux mécanismes du voyeurisme, nos cultures occidentales ont tendance à refouler l’impudeur à la frontière de l’incorrect. Elles le font de façons très différentes selon que l’on est au Nord ou au Sud, à l’Est ou à l’Ouest, mais elles le font toutes.

Alors quel lien tout cela a-t-il avec un culte télévisé ?

Quand nous filmons un culte, c’est tout la question l’intime qui se pose. Pas pour la prédication, puisqu’elle est, par définition, une adresse publique et publique à l’assemblée, y compris outre écran. Mais pour tout le reste : les chants, les prières bien sûr, la cène, et la participation même au culte.

Et ce sentiment d’intimité est encore exacerbé dans Notre culte, le format de culte proposé dimanche dernier : un culte sans assemblée, comme il s’en vit dans beaucoup de maisons protestantes, en famille ou entre amis, en cocon.

Quelle serait votre réaction si votre visage était reconnaissable sur une vidéo alors que vous participez à un culte ? Si le son de votre voix, parfois mal assurée, était enregistré alors que vous louez le Seigneur de tout votre cœur ? Si, lorsque vous priez, une caméra était braquée sur vous ?

"Braquée" c’est bien ce que l’on peut ressentir : quand on me braque mon intimité, soit je n’en ai plus ; soit je me surexpose ; soit je perds en vérité… Pourtant, Jésus a fait cela tout le temps. Relisez : combien de fois son intimité a-t-elle été braquée, bafouée ? Son vêtement touché ? Son consentement harcelé ? Il a tout donné : son temps, sa prière, ses habits, sa main, même sa salive. Jusqu’à la lie.

L’apôtre Paul écrit aux chrétiens de Colosses :

"Tout ce que vous faites, faites-le de tout votre cœur, comme pour le Seigneur et non pour des hommes." 

Aussi, à chaque fois que je vois, sur un écran, une ou un chanteur qui loue intimement le Seigneur, sans jouer, ou un visage en prière qui se livre, peut-être impudiquement diront certain, ou simplement un quidam qui participe à un culte à visage découvert. Je leur suis infiniment reconnaissant. L’intimité de leur foi, qu’ils ou elles livrent ici, est un chemin vers le ciel pour celui qui la voit.

Je crois que témoigner, c’est aussi et surtout cela : ce n’est pas dire, influencer ou raisonner, c’est vivre ou partager son cœur brûlant, pour que ce feu intérieur, par tous les pores de notre peau, par tout notre être, par tout notre cœur, allume malgré nous, sans que nous le voulions, mais parce que nous le vivons, les cœurs de celles et ceux qui nous voient.

Et vous quand les caméras viendront, vous cacherez-vous ? Ou serez-vous prêts ?

Christophe Zimmerlin, pour Présence Protestante

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