
Un religieux médiatique au Kazakhstan, opposé à la guerre en Ukraine, va s'adresser au patriarcat de Constantinople pour créer une Église orthodoxe indépendante de Moscou dans ce pays d'Asie centrale où la Russie tente de maintenir son influence.
"La collecte de signatures se termine dimanche et je prévois d'envoyer la semaine prochaine cette lettre au patriarche de Constantinople Bartholomée", a déclaré jeudi à l'AFP le religieux, Vladimir Vorontsov de son nom civil.
Ce prêtre avait été défroqué (destitué) en juillet 2024 par l'Église orthodoxe russe au Kazakhstan, où vit la majorité des orthodoxes d'Asie centrale, pour avoir condamné l'invasion russe en Ukraine et critiqué son chef, le patriarche Kirill, fidèle de Vladimir Poutine.
Une voix critique rare dans ce pays où évoquer la guerre en Ukraine peut être passible de sanctions pénales.
Il officiait jusqu'alors à Almaty, principale ville du pays où il bénéficiait d'une certaine popularité auprès des fidèles. Son éviction avait rencontré un large écho médiatique.
Vladimir Vorontsov avait dit refuser tout lien avec l'Église russe qui "donne sa bénédiction pour tuer des Ukrainiens".
Son initiative intervient alors que l'Église orthodoxe russe tente de maintenir son unité dans l'ex-espace soviétique où de nombreux pays, longtemps alliés de Moscou, tentent de se défaire de l'influence russe.
Fin juillet, la direction de l'Église orthodoxe russe avait ainsi rappelé l'obligation d'utiliser les expressions "Église orthodoxe russe" ou "patriarcat de Moscou" dans les églises qui lui sont rattachées en Biélorussie, mais aussi au Kazakhstan et dans les autres pays d'Asie centrale.
Mardi, la branche kazakhe de l'Église orthodoxe russe avait réagi dans un communiqué à la décision du religieux Vorontsov.
"Ses actions visant à créer une structure illégale au Kazakhstan sous le couvert d'un 'bureau de représentation du Patriarcat de Constantinople' ont reçu un écho dans la société", avait-elle reconnu.
"Les croyants orthodoxes ne peuvent pas soutenir les initiatives malsaines de [Vladimir] Vorontsov. La signature de déclarations pour créer une nouvelle 'Église' est clairement considérée comme une participation à un schisme", selon le texte.
Quelque 15% des 20 millions d'habitants du Kazakhstan, ex-république soviétique d'Asie centrale, sont ethniquement russes, la quasi-totalité étant de confession orthodoxe.
Dans l'ex-URSS, l'Estonie, la Lituanie et l'Ukraine avaient déjà créé une Église autocéphale rattachée au patriarcat de Constantinople, en rupture avec le pouvoir russe.
La Rédaction (avec AFP)