
Un évêque de l'Église apostolique arménienne, Mkrtich Proshyan, ainsi que douze autres prêtres ont été arrêtés dans le pays. Cette opération, menée par le gouvernement, témoigne de tensions grandissantes entre le gouvernement et les autorités religieuses.
Le 19 septembre 2023, l’armée azerbaïdjanaise a lancé une offensive éclair contre les séparatistes arméniens du Haut Karabagh. En 48 heures, la quasi-totalité des positions militaires arméniennes sont tombées et rapidement l'enclave s'est vidée de plus de 100.000 habitants réfugiés en Arménie. Sur place, les habitants sont encore marqués par la violence de cet épisode.
Récemment, le gouvernement du Premier ministre Pashinyan a pourtant cherché à normaliser ses relations avec l'Azerbaïdjan et à se rapprocher de l’Occident. Un geste condamné par l'Église apostolique du pays, symbole de l’identité nationale, qui le prend comme une trahison.
Une division désavantageuse pour le gouvernement car l’Église, impliquée dans la politique, bénéficie d’un fort appuie au sein de la population. C’est dans ce climat tendu, que l'évêque de l'Église apostolique arménienne, Mkrtich Proshyan, et douze autres prêtres, ont été récemment arrêtés par la police.
Ce type d'arrestations n'est pas nouveau. Déjà le 3 octobre, l'archevêque Mikael Ajapahyan a été déclaré coupable pour incitation au coup d’État, et l'archevêque Bagrat Galstannyan, figure de l’opposition, a également été poursuivi pour complot.
Plus récemment, l’évêque Mkrtich Proshyan, chef du diocèse d’Aragatsotn, a été accusé de corruption au sein de son diocèse et d’avoir forcé des fidèles à manifester contre le gouvernement en 2021.
Le chef de l'Église arménienne, le Catholicos Kraken II, a lui-même été ciblé par le Premier Ministre, qui l’a accusé de ne pas respecter son vœu de célibat. Il avait notamment exigé sa démission.
Dans un communiqué diffusé le 2 juin, le chef de l'Église arménienne a dénoncé une "campagne systématique" menée par les autorités contre l'Église.
"Nous sommes profondément préoccupés par le fait qu’au lieu d’unir la nation arménienne et de surmonter les divisions sociétales, les autorités arméniennes poursuivent leur campagne contre l’Église. Même si ces mesures sont présentées comme des actions contre des ecclésiastiques individuels, il est clair qu’elles sont de nature systématique et visent l’Église elle-même."
Le Premier ministre a rejeté ces accusations se décrivant au contraire comme un "fidèle de l’Église apostolique arménienne". Il a estimé que les religieux ont profané "les valeurs sacrées de l’Église."
Jeudi 16 octobre, une rencontre entre le Premier ministre et l'archevêque Shahan Sarkissian, envoyé par le Catholicos Aram I, a tenté d’engager un processus d’apaisement. Mais les tensions restent vives, reflet d’un conflit plus profond entre tradition religieuse et aspirations politiques d’un pays en quête de nouvel équilibre.
Elormise Pierre