
Ce mardi commémore le deuxième anniversaire du pogrom survenu en Israël le 7 octobre 2023. Actuellement, de nombreux pays du globe sont touchés par la guerre et les affrontements : la RDC, le Soudan, Gaza, l'Ukraine, Madagascar et bien d'autres. Face à cette violence, le groupe de musique Souffle Nouveau a sorti un nouveau single intitulé Justice. "Nous avons l’espérance que l’amour appelle l’amour", nous a confié Daniel Calange, cofondateur du groupe.
InfoChrétienne : Qu’est-ce qui vous a donné l’envie d'écrire un single sur le thème de la justice ?
Daniel Calange : Il suffit d’allumer sa télévision ou de faire un tour sur les réseaux sociaux pour se rendre compte qu’il y a de nombreuses injustices dans ce monde. C'est ce qui m’a poussé à écrire ce morceau : l’accumulation d’événements qui posent question un peu partout dans le monde.
J'ai eu besoin d'extérioriser et je l'ai fait en musique.
IC : Pourquoi avoir choisi la date symbolique du 7 octobre pour sa sortie ?
DC : Ce single était initialement prévu pour la fin du mois de septembre, mais nous avons estimé qu’il serait plus significatif de le sortir à une date devenue tristement célèbre depuis deux ans.
L’intention n’était pas pour autant de mettre en avant un conflit plus qu’un autre. Comme j’aime le dire, c'est une chanson pour tout le monde.
IC : Vous dites que ce chant s’adresse à toutes les formes d'injustice et aux différents conflits actuels dans le monde. À quels exemples pensiez-vous particulièrement en écrivant ce morceau ?
L’idée de cette chanson est que chacun puisse se l’approprier, peu importe le conflit qui lui tient à cœur. Oui nous avons pensé à plusieurs conflits territoriaux, que je ne vais pas citer de peur que certains se sentent oubliés, mais pas seulement.
Nous pensons aussi à toutes les relations qui peuvent être entachées par des désaccords sur des convictions religieuses. Certaines relations amicales ou amoureuses rendues impossibles du fait que chacun veuille avoir gain de cause.
Il y a les guerres de religions, mais même sans aller jusque-là : entre chrétiens c’est difficile parfois. Certains refusent de fonctionner ensemble à cause de différences de doctrines ou d’interprétations. C’est dommage.
Notre réponse à tout ça, c’est de dire que ce n’est pas un camp ou un avis qui doit l’emporter sur l’autre, mais c'est l’amour qui doit gagner. C’est la justice que nous prônons. Que nous réclamons presque.
IC : Récemment, des manifestations ont eu lieu à Madagascar. Ce chant fait-il aussi écho à cette situation ?
DC : Oui bien sûr, la situation à Madagascar nous touche particulièrement, de par les origines de certains membres du groupe. Nous sommes là face à un peuple qui est victime d’injustices, et qui se sent oublié par ses élites, mais aussi par la communauté internationale.
Comme c’est le cas en Haïti, mon pays d’origine. Dans ce cas précis, Haïti vit encore les conséquences d’injustices et préjudices subis depuis plusieurs siècles. Et ça continue encore.
Je pense que ces situations n’existeraient pas si nous agissions tous pousser par l’amour. L’amour peut être une réponse à l’injustice. Mais il peut aussi être ce qui nous empêche d’être injustes dès le départ.
IC : Dans un monde marqué par la violence et l'injustice, comment concevez-vous l’idée que "l’amour peut être notre justice" ?
Ce qui m’a poussé à écrire cette chanson, c’était l’envie de prendre position. Et en l’écrivant, j’ai été le premier à qui ces mots ont parlé car je me suis rendu compte que l’injustice ne peut pas subsister lorsque l’amour est au centre. Bien sûr, il faut que l’amour aille dans les deux sens pour que cela fonctionne.
L’amour, même si son application est difficile dans un contexte conflictuel, est la réponse qui mettra fin à l’injustice. Pas la guerre. Au contraire, la guerre perpétue ce sentiment d’injustice et nourrit la soif de vengeance. Mais c’est sûr que ça nous coûte d’autant plus d’aimer dans ces circonstances. Il faut presque mourir à soit même.
IC : "Bats-toi, le monde a besoin de ta réponse", tirée du refrain, est un véritable appel à l'action.
Quel est le rôle des chrétiens dans un environnement marqué par la guerre, les frontières et la haine ?DC : Je pense que chacun a son niveau peut apporter une réponse aux injustices qu’il subit. Lorsque quelqu’un s’attaque à vous, la première chose à laquelle on pense c’est la vengeance. On entre alors dans un cercle sans fin. Nous croyons que l’amour met fin à ce cercle infernal.
Mais attention, je suis le premier pour qui c’est dur. C’est sûr qu’on aura souvent l’impression de mettre des coups d’épée dans l’eau. Mais il faut bien commencer quelque part. Chacun est responsable à son niveau de propager l’amour là où il évolue.
Et nous avons l’espérance que l’amour appelle l’amour.
IC : Vous présentez aussi ce chant comme un message de tolérance envers toutes les religions. Comment conciliez-vous cela avec l'affirmation claire de votre foi en Jésus ?
DC : Jésus invite mais n’impose pas. Il est important que notre désir d’aimer soit plus important que notre désir de convaincre les autres à rejoindre nos rangs. Cette chanson prône un amour inconditionnel qui ne se limite pas à ceux qui sont de la même croyance que nous.
Ne sont-ils pas dignes eux aussi de recevoir notre amour et l’amour de Dieu ? Dieu les aime en tout cas. Qui sommes-nous pour les exclure ?
Propos recueillis par Mélanie Boukorras