Un État indien vote en faveur d'un projet de loi qui criminalise la prière pour les malades

Un État indien adopte une loi criminalisant la prière pour les malades

Les législateurs de l'État d'Assam, dans le nord-est de l'Inde, ont voté en faveur d'un projet de loi qui criminalise la prière pour les malades, avec une peine pouvant aller jusqu'à cinq ans de prison. Des leaders chrétiens indignés par ce projet rappellent que "la prière est une pratique universelle utilisée dans toutes les religions pour invoquer une intervention divine".

Le 26 février dernier, l'Assemblée législative de l'État d'Assam, dans le nord-est de l'Inde, a voté en faveur du projet de loi intitulé "Assam Healing (Prevention of Evil) Practices Bill, 2024" ("Projet de loi sur les pratiques de guérison de l'Assam, 2024 NDLR), qui criminalise la prière pour les malades. Selon les législateurs, l'objectif principal de cette loi est "d'utiliser des connaissances fondées sur la science pour protéger la population contre les pratiques qui exploitent les innocents".

Ce projet de loi stipule que "nul ne doit participer aux pratiques de guérison et à la propagation de la guérison magique pour le traitement de toute maladie, de tout trouble ou de toute condition relative à la santé d'une personne donnant directement ou indirectement une fausse impression de traitement destiné à guérir des maladies, douleurs ou problèmes pour la santé humaine".

Ceux qui auraient recours à ces pratiques s'exposent à une peine allant de un à trois ans de prison et une amende de 50 000 roupies (environ 550 euros, NDLR). En cas de récidive, la peine peut aller jusqu'à cinq ans d'emprisonnement et, ou une amende de 100 000 roupies (environ 1 100 euros, NDLR).

Le projet de loi permet également à la police "d'entrer et d'inspecter toute activité dans la zone locale de compétence d'une personne si elle a des motifs raisonnables de soupçonner qu'une infraction à la loi a été ou est sur le point d'être commise". Il donne aussi aux agents l'autorisation de saisir tout matériel publicitaire, dossier ou document en guise de preuve.

S'adressant aux journalistes le 12 février dernier, Himanta Biswa Sarma, le ministre en chef de l'État d'Assam, a déclaré que son gouvernement "souhaitait introduire une législation visant à freiner l'évangélisation dans l'État". Des propos rapportés par Christianity Today.

Assam Christian Forum (ACF), une organisation représentant toutes les Églises de l'État d'Assam, s'est fermement opposée à ce projet de loi.  Dans une déclaration signée par l'archevêque John Moolachira de Guwahati, l'organisation réfute catégoriquement l'accusation selon laquelle les chrétiens ont recours à des "guérisons magiques". Elle affirme que "la prière est une pratique universelle dans toutes les religions, utilisée pour invoquer une intervention divine".

L'ACF insiste sur le respect des droits constitutionnels accordés aux citoyens indiens, notamment le droit de pratiquer la religion de son choix, comme le garantit l'article 25 de la Constitution indienne.

"L’affirmation selon laquelle les chrétiens pratiquent la guérison magique est erronée et trompeuse."

L'Inde est classé 11e dans l'Index Mondial de Persécution des Chrétiens 2024 de l'ONG Portes Ouvertes. L'organisation indique que depuis l’arrivée de Narendra Modi au pouvoir, "les attaques violentes contre les chrétiens ont drastiquement augmenté". Si la Constitution indienne stipule que le pays est un État laïc, Portes Ouvertes explique que "les hindous radicaux militent pour faire de l’hindouisme la religion nationale" et affirme que "le pouvoir veut éradiquer le christianisme du pays."

Salma El Monser

Crédit i mage :  Shutterstock/ WESTOCK PRODUCTIONS

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