Une loi pour prévenir les fausses accusations de blasphème au Pakistan : un espoir pour les chrétiens
Le gouvernement fédéral pakistanais a approuvé l’interdiction des activités du parti politique islamique radical TLP, à l'origine des accusations de blasphème, au titre de loi antiterroriste, le 23 octobre. Une avancée symbolique pour la sécurité des minorités religieuses, dont les chrétiens.
Le ministre fédéral de la Justice et des Droits humains du Pakistan, Azam Nazeer Tarar, a annoncé le 16 octobre dernier, que le gouvernement introduirait de nouvelles garanties procédurales destinées à prévenir les fausses accusations de blasphème dans le pays. Cette mesure viserait à assurer des enquêtes équitables et à garantir une approche judiciaire, sensible dans de tels cas, rapporte le Christian Today.
Sept jours plus tard, le gouvernement fédéral est allé encore plus loin pour défendre les minorités, en approuvant une proposition de l’administration de la province du Pendjab. Celle-ci vise à interdire les activités du Tehreek-i-Labbaik Pakistan (TLP), un parti politique pakistanais islamiste radical connu pour ses positions extrémistes.
Ce parti fondé en 2015, agit principalement pour punir le blasphème, défini comme toute parole ou acte jugé offensant envers l’islam. Il avait déjà été interdit en 2021 après des manifestations violentes, puis réhabilité six mois plus tard sur promesse de renoncer à cette agressivité.
Le TLP est accusé d’avoir participé à l’augmentation des accusations de blasphème ainsi qu’à une recrudescence d’attaques violentes visant notamment les chrétiens. Ainsi, en août 2023, des centaines de ses partisans ont saccagé des églises et des maisons chrétiennes à Jaranwala, dans le district de Faisalabad, après de fausses accusations de blasphème.
Selon l’ONG Portes Ouvertes, 25% des accusations de blasphème, parfois suivies d’émeutes, visent les chrétiens, qui représentent pourtant seulement 2% de la population.
Une réforme urgente
Ces actes extrémistes ont conduit de nombreuses organisations de défense des droits humains, dont l’organisation Human Rights Watch, à réclamer à plusieurs reprises cette réforme.
Ainsi, dans le rapport Un complot pour s’emparer des terres publié en juin dernier, la directrice associée de l'Asie, Patricia Gossman, a appelé le gouvernement pakistanais à réformer la loi sur le blasphème afin qu’elle ne soit plus utilisée comme une “arme” de persécution.
“Le gouvernement pakistanais devrait réformer d'urgence ses lois sur le blasphème pour les empêcher d'être transformés en armes pour faire chanter des rivaux, régler des comptes personnels et attaquer les communautés marginalisées.”
De son côté, Azam Nazeer Tarar a souligné les efforts du gouvernement pour promouvoir l’inclusivité à travers des cellules de protection des minorités et des programmes de sensibilisation aux droits humains :
“Le respect des minorités et la protection de leurs droits sont au cœur de la Constitution du Pakistan et demeurent une responsabilité fondamentale de l’État.”
Elormise Pierre