Vie et Lumière chez les Gitans

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Les protestants pentecôtistes ne cessent de gagner du terrain à travers le monde dans la vaste communauté tzigane. Organisant missions ou conventions rassemblant des centaines de personnes, ils n’ont pourtant que rarement bonne presse.

Entre deux et trois cents  caravanes, ce qui représente plus d’un millier de personnes, sont dispersées sur un vaste terrain herbeux, loué à la municipalité pour une semaine. Des enfants de tous âges circulent. Les adultes discutent, rient, en groupes épars. Bonne humeur assurée. On y parle français mais aussi espagnol et catalan, car les gitans sont la souche hispanique des tziganes.

Un chapiteau est dressé à l’une des extrémités du camp. Il abrite une petite tribune avec marqué « Jésus le chemin la vérité et la vie », une sono et des chaises blanches, dont certaines estampillées au feutre « Jésus ».

Des réunions matin et soir

Beaucoup vont s’y retrouver bientôt pour la première réunion quotidienne du soir qui s’adresse aux adultes. L’occasion de se ressourcer, d’être encouragé, exhorté, enseigné par l’un des nombreux pasteurs présents. Suivra une autre pour les adolescents. Le premier temps spirituel en commun dans la journée a lieu le matin, sur le même modèle avec toujours la place donnée au chant, à la prière, au témoignage, sur des guérisons physiques, psychologiques ou spirituelles.

Ce soir-là, deux personnes vont courtement témoigner à la tribune. Une femme, qui comme beaucoup porte foulard sur la tête, et un homme plus âgé. Tous deux ont été, à des degrés de gravité divers (puisqu’il y a eu meurtre dans l’un des cas), aux prises avec la haine envers des personnes qui leur avaient fait du mal. Ils ont brièvement raconté comment elle avait grandi dans leur cœur au fil des années, et comment ils avaient été débarrassés de ce fardeau dans la prière et le soutien  de membres chrétiens de leur famille et de leur entourage, et comment ils avaient ainsi pu pardonner.

Entre ces temps sous chapiteau, le camp vit sa vie au rythme des rencontres, retrouvailles, prières, aide spirituelle. Car il ne s’agit pas ici d’une mission d’évangélisation, comme en organisent les différentes communautés tziganes du printemps à la fin août en direction des non convertis, mais d’une convention, c’est-à-dire d’un rassemblement de chrétiens gitans venus se ressourcer spirituellement pour une semaine, comme chaque année à la même période.

« 70% des Tziganes convertis à l’Evangile »

Car ici on est pentecôtiste, dans le courant évangélique de l’une des composantes de la Fédération Protestante de France, à savoir la Mission Evangélique des Tziganes de France (METF), plus connue sous l’appellation « Vie et Lumière » de ses missions. Elle possède quelque 220 églises réparties dans toute la France où sont sédentarisés ces gitans (avec une forte concentration dans la région parisienne et sur la Côte d’Azur).

« Aujourd’hui, on pense que 70% des Tziganes dans le monde sont  des chrétiens convertis à l’Evangile»

Estime ce pasteur de la communauté gitane. Il fait partie de la trentaine de pasteurs participant à cette convention annuelle « Vie et Lumière » de cette ethnie, l’une des cinq principales qui composent  la communauté tzigane.

Pourtant l’image des rassemblements de Tziganes chrétiens est loin d’être valorisée par les médias français qui, souvent, ne s’intéressent guère qu’aux polémiques locales qu’ils peuvent susciter. Les responsables, tout en acceptant de répondre aux journalistes, ne se font guère d’illusions sur ce qui sera rapporté ensuite dans leurs organes de presse, même si ceux-ci ne sont plus autant sur les a priori qui avaient cours au siècle dernier.

Une image déroutante pour l’opinion publique

L’opinion publique est d’autant plus déroutée que,  à l’amalgame injustifié fait de ces chrétiens avec les Roms sans papiers, ou avec les délinquants de la population des gens du voyage, s’ajoute une confusion sur les pratiques religieuses tziganes. On a souvent ramené médiatiquement la pratique chrétienne des Tziganes au cliché du traditionnel pèlerinage haut en couleurs aux Saintes-Maries de la Mer, alors qu’il ne s’agit que d’un phénomène marginal. A « Vie et Lumière », à entendre les uns et les autres, on n’a rien à voir avec ce rassemblement camarguais, taxé de « folklorique, idolâtre et commercial » et on ne comptabilise pas ses adeptes dans le pourcentage des convertis à l’Evangile.

Des non gitans font partie de la METF, même si c’est très marginal (1%). Inversement, à défaut de locaux de la Mission sur place, ces chrétiens de la communauté gitane vivent les cultes au sein d’une des églises évangéliques locales, principalement celles affiliées à la fédération des « Assemblées de Dieu ».

C’est d’ailleurs un des pasteurs de cette dernière, Clément Le Cossec, qui est à l’origine de ce mouvement protestant tzigane, qui n’était pas dans la culture originelle de ce peuple très marqué par l’empreinte du catholicisme et de l’orthodoxie…

Image : Vie et Lumière


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