Violences envers les chrétiens au Myanmar : le prêtre birman David Michael de Penha témoigne
À l’occasion des veillées de prière pour les chrétiens persécutés, organisées par l’association Aide à l’Eglise en détresse du 21 au 27 janvier 2023, le prêtre catholique David Michael de Penha a témoigné des terribles persécutions subies par les chrétiens au Myanmar.
Aux côtés d’une religieuse haïtienne, soeur Marjorie, et d’un évêque tchadien, Edmond Djitangar, le prêtre birman David Michael de Penha a pris la parole pour raconter les violences subies par les chrétiens au Myanmar lors de la Nuit des Témoins 2023.
Cet événement annuel, organisé dans plusieurs villes françaises par l’association Aide à l’Eglise en détresse s’est déroulé du 21 au 27 janvier 2023. Il a pour but de faire mémoire des chrétiens tués pendant l’année écoulée.
Le père David Michael de Penha, qui vit désormais au Kensas, a témoigné « de la discrimination systématique dont les chrétiens sont victimes depuis l’arrivée au pouvoir de la junte militaire en 2021 ».
Dimanche 15 janvier, quelques jours avant que le religieux témoigne, un village à majorité catholique de Chan Thar dans le nord-ouest du pays a été incendié par la junte au pouvoir. Des centaines de maisons ont été détruites, forçant des milliers de villageois à s’enfuir. L’église de l’Assomption dans le diocèse de Mandalay a également été brûlée ainsi qu’un couvent de sœurs franciscaines.
Le prêtre a évoqué cette nouvelle manifestation de violence soulignant que « l’armée birmane vise les villages chrétiens ».
« Le 15 janvier dernier, la junte militaire a attaqué un village non loin de chez moi. Construite en 1894, l’église était l’une des plus anciennes du pays. Elle a été incendiée. L’armée a également détruit 500 habitations. »
Suite à cette attaque, le pape François a lancé un appel pour la paix au Myanmar à l’occasion de la prière de l’Angélus, dimanche 22 janvier.
« Ma pensée, va en particulier avec douleur à la Birmanie, où l’église Notre-Dame de l’Assomption a été incendiée et détruite dans le village de Chan Thar, l’un des lieux de culte les plus anciens et les plus importants du pays. Je suis proche de la population civile sans défense, qui dans de nombreuses villes, est soumise à de graves épreuves. Que Dieu accorde que ce conflit prenne bientôt fin et qu’un nouveau temps de pardon, d’amour et de paix s’ouvre. »
Pour rappel, le 1er février 2021, un coup d’Etat perpétré par l’armée a eu lieu contre le gouvernement démocratique d’Aung San Suu Kyi. À la suite de cette prise de pouvoir, un Mouvement de désobéissance civile est né, des manifestations pacifiques qui ont été largement réprimées par l’armée et ont entraîné une vague de violence dans le pays.
David Michael de Penha, estime que le récent appel du pape est important, il regrette toutefois que les évêques birmans restent silencieux face aux actes commis par le régime depuis le coup d’Etat, à l’inverse des fidèles qui protestent.
« Nous avons souvent l’impression que l’Eglise nous oublie. Ici en Birmanie, nos évêques restent silencieux. Ils sont effrayés par l’idée d’être arrêtés. Ce que je comprends. (...)Or les fidèles élèvent leur voix contre le régime. Ils aimeraient donc que leurs évêques se tiennent debout avec eux (...) J’ai l’impression qu’il y a un fossé entre les catholiques et l’Eglise birmane. »
Le Myanmar est classé 14e dans l’Index Mondial de Persécution des Chrétiens 2023 de l’ONG Portes Ouvertes. Dans ce pays d’Asie, « la plupart des chrétiens font partie des minorités ethniques ».
« Ils sont délaissés par le gouvernement, souvent extrêmement pauvres, discriminés et analphabètes », précise l’organisation qui ajoute qu’alors que « le pays n’a toujours pas trouvé de solution à la guerre civile et aux violences qui ont suivi le coup d’État militaire le 1er février 2021 », « la minorité chrétienne fait partie de ceux qui subissent le plus d’attaques ».
Mélanie Boukorras
