
La Cour constitutionnelle de Colombie a ordonné à l'Église catholique de déclassifier l'intégralité des archives demandées par des journalistes concernant des cas présumés de violences sexuelles contre des mineurs dans le pays sud-américain.
La plus haute juridiction du pays a donné raison aux journalistes Juan Pablo Barrientos et Miguel Angel Estupiñan, qui avaient entamé des procédures judiciaires après avoir reçu des réponses partielles ou négatives à plus de 170 demandes d'information depuis 2018.
"Nous sommes ici face à un moment historique dans la transformation des relations entre l'État colombien et l'Église catholique (...) Les questions que nous posons doivent recevoir une réponse", a déclaré mardi M. Estupiñan à l'AFP.
La décision, annoncée lundi soir dans un communiqué, concerne toutes les institutions catholiques en Colombie. Certaines d'entre elles avaient invoqué le "secret pontifical" pour ne pas révéler les noms de religieux supposément responsables de violences sexuelles contre des mineurs.
La Conférence épiscopale colombienne a assuré qu'une fois la décision connue dans son intégralité, celle-ci "sera étudiée avec attention".
La décision de la cour fait suite à deux jugements de 2020 et 2022 qui avaient donné raison aux deux journalistes dans des affaires spécifiques contre certains diocèses.
"La garantie de l'accès à l'information par les journalistes ne protège pas seulement la liberté de la presse, mais contribue également à l'accomplissement de la fonction sociale du journalisme dans une société démocratique", ont souligné les magistrats, selon le communiqué de la cour.
M. Barrientos a écrit deux livres basés sur ses enquêtes dans la ville de Medellin (nord-ouest) depuis 2018. M. Estupiñán a approfondi ses propres recherches de manière indépendante dans d'autres régions du pays. Ils ont publié ensemble un livre en 2023 dans lequel ils dévoilent le nom de plus de 600 prêtres mis en cause dans des plaintes pour violences sexuelles contre des mineurs.
Selon ces auteurs, l'Église ne leur a remis "que 13%" des données demandées. "Ce n'est que la partie émergée de l'iceberg.
Ce que ces gens ont dissimulé est absolument insensé", affirme M. Barrientos.
La Rédaction (avec AFP)