Fin de parcours pour « Limite », revue d’écologie intégrale chrétienne

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Après sept ans, la revue trimestrielle catholique « Limite » sortira jeudi 27 octobre son dernier numéro. La fin d’une aventure intellectuelle qui a essayé de sensibiliser et de faire réfléchir les chrétiens de tout bord sur l’écologie intégrale. 

Le 27e numéro de la revue Limite qui sortira cette semaine sera le dernier. Unique en son genre, Limite est une revue d’écologie intégrale qui s’adresse avant tout aux chrétiens.

« Nous nous sommes inscrits dans une tradition, celle de l’écologie politique et de la presse militante, parfois satirique. Notre style, journalistique, littéraire, artistique, humoristique, a contribué à donner à la presse française un objet intellectuel radicalement nouveau », écrit le directeur de la publication, Paul Piccarreta dans son dernier éditorial.

« Simone Weil, Bernard Charbonneau, Georges Bernanos, Jacques Ellul, Dorothy Day, Ivan Illich, Charles Péguy », voici les personnalités qu’il cite en modèle. Mais surtout, le pape François, qui en publiant Laudato Si au moment du lancement de la revue « a confirmé » leur intuition.

« Ainsi, nous voulons rester comme ‘la génération François’, la génération d’un pape romain et altermondialiste, venu d’Amérique du Sud pour réveiller l’Europe, plus écolo que les écolos. »

Pendant sept ans, leur objectif a été de rassembler les chrétiens de sensibilités politiques différentes autour de l’écologie et de « redessiner les clivages sur de nouvelles bases : une critique frontale du capitalisme technologique doublée d’une attention première pour les plus pauvres et les exclus de notre société ».

Le tout basé sur les évangiles que Paul Piccarreta décrit comme « un très bon guide d’action politique ».

« C’est avec eux, pour nous, que tout a débuté. C’est avec les évangiles que tout commence. »

Une autre particularité de Limite, c’est qu’il s’agit d’une revue sans publicités, subventions ou actionnaires qui a réussi à avoir plus de deux mille abonnés et plusieurs milliers de lecteurs occasionnels. Au cours de cette belle aventure, c’est près de 80 000 exemplaires qui ont été vendus.

Plusieurs raisons ont été évoquées pour expliquer la fin de la revue. Une raison spirituelle d’abord, « nous atteignons nos limites » estime Paul Piccarreta.

La seconde est matérielle. De moins en moins de lecteurs et d’abonnés, la fin de la presse papier précipitée par le Covid, l’augmentation « vertigineuse » du coût du papier... sont autant de raisons évoquées. Dans les colonnes de Libération, le directeur de la publication indique également que « Limite est d’abord une aventure intellectuelle. Comme toute aventure, elle a eu un début, elle a désormais une fin ».

Toujours dans Libération, il évoque aussi des raisons politiques. « Le dialogue est devenu beaucoup plus difficile. De plus en plus, ce travail d’unité que nous cherchions à faire a été parasité par des sujets sociétaux », explique-t-il estimant que l’arrêt de la revue est aussi un « geste politique ». « Nous donnons à voir une photographie de la situation, un état des lieux des forces en présence ».

Il est vrai que Limite a suscité du clivage. Les « bolcho-cathos », anarchistes chrétiens, qui s’appuient sur des traditions marquées à gauche tout en s’attaquant à des sujets bioéthiques, de l’euthanasie à la GPA, ont déstabilisé bon nombre de commentateurs au fil des ans.

Alors que le numéro qui sortira jeudi signe la fin de l’aventure, l’ultime éditorial de Limite affirme pourtant que « ce qui est apparu ne disparaîtra pas ».

« Il y aura un avant et un après Limite. Il est l’heure de vous dire que nous avons atteint la nôtre, que nous entrons dans une maturité qui nous appelle ailleurs. Que nous voulons devenir ce grain de blé de l’Évangile, qui doit mourir pour donner la vie. »

Camille Westphal Perrier


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