Fin du droit à l’avortement aux Etats-Unis : Comment les chrétiens réagissent-ils ?

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Vendredi 24 juin, la Cour suprême américaine a enterré un arrêt historique qui reconnaît depuis près d’un demi-siècle le droit à l’avortement aux Etats-Unis. Pour la majorité des chrétiens américains, cette mesure est une victoire, même si certaines dénominations sont plus mesurées. 

La révocation par la Cour suprême de l’arrêt Roe vs Wade, qui garantissait le droit à l’avortement aux Etats-Unis depuis près de cinquante ans, a récemment fait beaucoup de bruit dans les médias et sur les réseaux sociaux.

Cette décision ne rend pas les interruptions de grossesse illégales, mais renvoie les Etats-Unis à la situation en vigueur avant l’arrêt emblématique de 1973, quand chaque Etat était libre de les autoriser ou non. Plusieurs Etats, comme le Missouri, ont déjà pris des mesures pour interdire l’IVG.

Pour une majorité de chrétiens aux Etats-Unis, notamment les évangéliques, cette décision de la Cour suprême est une réponse à des années de prière. Découvrez dans cet article les réactions de plusieurs leaders chrétiens ainsi que des principales dénominations chrétiennes du pays à l’annonce de cette nouvelle.

Franklin Graham, président de Samaritan’s Purse et de la Billy Graham Evangelistic Association

Le fils de Billy Graham a déclaré vendredi matin à Fox News que la décision de la Cour marquait l’un des moments les plus « importants de sa vie ».

« Roe v. Wade, adopté il y a 49 ans, a entraîné la mort de plus de 63 millions d’enfants innocents dans ce pays. Malheureusement, cette décision ne met pas fin à l’avortement – ​​elle repousse la bataille aux États-Unis », a souligné l’évangéliste.

Il affirme prier pour que « chaque État promulgue des protections pour les enfants dans l’utérus », et pour que la nation « valorise la vie et reconnaisse les droits de nos plus vulnérables ».

Bart Barber, président de la Convention baptiste du Sud

Le nouveau président de la Convention baptiste du Sud (SBC), principale dénomination protestante du pays, a publié un communiqué dans lequel il affirme que « les baptistes du Sud se réjouissent de la décision rendue aujourd’hui par la Cour suprême des États-Unis ».

Il a réitéré l’engagement de son organisation « à soutenir et à prier pour les femmes vulnérables à l’avortement, afin d’éliminer tout besoin perçu de l’horreur de l’avortement, de s’opposer au Planned Parenthood (planning familial NDLR) et à d’autres organisations ou institutions prédatrices qui exploitent les femmes vulnérables à des fins lucratives ».

« État par État, mère par mère, cœur par cœur, nous poursuivrons notre travail sacré vers cet objectif », a-t-il conclu.

Kristen Day, directrice exécutive de Democrats For Life of América

Kristen Day, directrice d’une organisation de démocrate pro-vie, estime que cette décision va créer des « opportunité politiques » pour « les démocrates pro-vie ».

« Nous avons apporté d’importantes contributions à l’avancement de la justice pour les enfants à naître et leurs mères, et nous continuerons de le faire », poursuit-elle en affirmant que c’est « une journée merveilleuse ».

« Nous nous engageons à nouveau avec enthousiasme dans la mission de protéger toute vie humaine, du ventre à la tombe », continue la démocrate qui exhorte les États à aider les femmes confrontées à une grossesse non planifiée, notamment en proposant des aides sociales.

« Comment allons-nous leur offrir la possibilité et le soutien nécessaires pour devenir parents, nourrir leur famille, conserver leur emploi, avoir des soins de santé et des services de garde d’enfants abordables ? »

« Donnons la priorité aux femmes et aux enfants et apportons-leur le soutien et la compassion nécessaires pour les aider à faire le vrai choix de devenir parents », conclut-elle.

José H. Gomez, archevêque de Los Angeles et président de la Conférence des évêques américains (USCCB) et William E. Lori, archevêque de Baltimore et président du comité de l’USSCB sur les activités pro-vie

Les deux archevêques américains ont publié une déclaration vendredi dans laquelle ils rappellent que « l’Amérique a été fondée sur la vérité que tous les hommes et toutes les femmes sont créés égaux, avec des droits donnés par Dieu à la vie, à la liberté et à la poursuite du bonheur ».

Une vérité qui selon eux, « a été gravement niée par la décision Roe v. Wade de la Cour suprême des États-Unis, qui a légalisé et normalisé la prise de vies humaines innocentes ».

Ils déclarent remercier Dieu pour cette décision de la Cour suprême. « Nous prions pour que nos élus adoptent désormais des lois et des politiques qui promeuvent et protègent les plus vulnérables d’entre nous », poursuivent les archevêques.

Ils ajoutent que le moment est venu de construire une « Amérique post-Roe », un temps pour se rassembler et soutenir les familles et les femmes enceintes.

« C’est un temps pour panser les blessures et réparer les divisions sociales ; c’est un temps pour la réflexion raisonnée et le dialogue civil, et pour se rassembler pour construire une société et une économie qui soutiennent les mariages et les familles, et où chaque femme a le soutien et les ressources qu’elle a besoin de mettre son enfant au monde par amour. »

Toutefois, d’autres dénominations, comme l’Église évangélique luthérienne d’Amérique, l’Église méthodiste unie et l’Église épiscopale dénoncent la décision de la Cour.

L’Église évangélique luthérienne d’Amérique

Dans une déclaration signée par l’évêque présidente de l’organisation, Elizabeth A. Eaton, l’Eglise évangélique luthérienne a condamné le renversement de l’arrêt Roe vs Wade.

La déclaration indique que si « le nombre d’avortements provoqués est une source de profonde préoccupation », la pratique devrait tout de même être légale.

Elizabeth A. Eaton poursuit en écrivant que placer « les décisions concernant la réglementation de l’avortement au niveau de l’État encombre et met en danger la vie de toutes les personnes qui doivent prendre des décisions concernant des grossesses inattendues ».

L’Église méthodiste unie a également condamné la décision du tribunal, expliquant dans un communiqué que cette mesure nie « la valeur et la dignité des femmes d’accéder au droit fondamental aux soins et services de soutien qu’elles méritent ».

« En tant qu’église nous affirmons que nous sommes tenus de respecter le caractère sacré de la vie et du bien-être de la mère et de l’enfant à naître. Nous reconnaissons les conflits tragiques de la vie avec la vie qui peuvent justifier l’avortement, et dans de tels cas, nous soutenons l’option légale de l’avortement dans le cadre de procédures médicales appropriées par des prestataires médicaux certifiés », conclut l’UMC.

L’Église épiscopale

L’évêque président Michael Curry et le révérend Gay Clark Jennings, président de la Chambre des députés de l’Église épiscopale, ont tous deux publié des déclarations qui dénoncent la position de la Cour.

« Bien que, comme beaucoup, j’ai anticipé cette décision, j’en suis profondément attristé », a écrit Michael Curry qui explique que son église a « soigneusement » essayé de répondre « à la fois à la valeur morale des femmes ayant le droit de déterminer leurs choix en matière de soins de santé ainsi qu’à la valeur morale de toute vie ».

« La décision d’aujourd’hui institutionnalise l’inégalité parce que les femmes ayant accès aux ressources pourront exercer leur jugement moral d’une manière que les femmes sans les mêmes ressources ne pourront pas », a-t-il conclu.

Camille Westphal Perrier

Crédit image : Shutterstock.com / Maria Oswalt

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