Hommage à la journaliste chrétienne Shireen Abu Akleh : « Fille de Palestine, elle a été un symbole pour de nombreuses jeunes femmes »

shutterstock_2156449441.jpg

Dans un article pour AsiaNews, le père Ibrahim Faltas est revenu sur le parcours de la journaliste chrétienne, Shireen Abu Akleh. « Elle était comme une amie de la famille qui nous tenait constamment informés », écrit le religieux qui rend hommage à une icône du journalisme qui chaque jour prenait la parole pour raconter « la vie d’un peuple et l’histoire d’un pays ». 

Mercredi dernier, la journaliste Shireen Abu Akleh, figure populaire d’Al-Jazira, a été tuée d’une balle dans la tête pendant une opération de l’armée israélienne en Cisjordanie.

« Le meurtre » de la journaliste de 51 ans a été condamné à l’unanimité par le Conseil de sécurité de l’ONU, qui a réclamé « une enquête transparente et impartiale », alors qu’israéliens et palestiniens s’accusent mutuellement.

Dans un article publié par le média AsiaNews, le père Ibrahim Faltas, prêtre fransciain et directeur des écoles chrétiennes de Terre Sainte, a rendu hommage à la journaliste qu’il décrit comme une femme passionnée qui a « consacré sa vie à raconter ce qui se passait en Palestine ».

« Shireen était la voix de la Palestine qui est entrée dans nos maisons. Elle a été arrêtée par une balle, qui a arrêté un cœur pur. Avec passion et dévouement, elle a consacré sa vie à raconter ce qui se passait en Palestine, dans des villages lointains que même les Palestiniens n’ont jamais vus ni connus. »

Il évoque une figure familière, « une amie de la famille », qui a accompagné toute une génération.

« Nous sommes tristes et bouleversés parce que son visage nous était familier à tous, ses reportages parmi les gens, dans les rues, nous racontant ce qui se passait dans sa dure réalité ; elle était comme une amie de la famille qui nous tenait constamment informés. »

Aujourd’hui, alors qu’elle « fait la une des journaux » en raison de sa mort, il revient sur le travail de sa vie qui était de montrer un autre visage de la Palestine, « la beauté de la terre et de ses lieux saints », les succès « des jeunes Palestiniens dans la recherche, l’art, la musique ». Une voix qui, selon le prêtre, a été un véritable soutien pour beaucoup dans un contexte difficile.

Le religieux rapporte également qu’elle a été « un symbole pour de nombreuses jeunes femmes et filles, transmettant la passion du journalisme, à une époque et dans un lieu, le Moyen-Orient, qui n’est certainement pas facile pour les femmes. Pour cette raison, elle est devenue une icône du journalisme ».

Le père Ibrahim Faltas raconte avoir rencontré la journaliste pour la première fois il y a 25 ans, à l’occasion de la diffusion de la messe de Noël depuis Bethléem. « Depuis lors, nous avons développé une amitié et une collaboration, qui comprenait des interviews et des discussions sur l’Église locale en Terre Sainte », affirme-t-il.

Au lendemain du drame, des milliers de Palestiniens sont descendus dans la rue pour lui rendre hommage. Selon le religieux, sa mort a en effet « uni toute la Palestine », réalisant son rêve de « transcender les divisions ».

« Aujourd’hui, toute la Palestine pleure Shireen. Les gens sont descendus dans la rue avec sa photo : musulmans, chrétiens, politiciens de tous horizons, droite, gauche. Aujourd’hui, son rêve d’une Palestine unie, sans divisions, s’est réalisé. »

Alors qu’elle « vit maintenant dans les bras de Dieu le Père », le prêtre franciscain affirme que le témoignage de la journaliste « restera toujours vivant » dans le coeur des Palestiniens.

« Shireen vit maintenant dans les bras de Dieu le Père, mais son esprit, son témoignage, resteront toujours vivants parmi nous parce que sa voix était notre voix pour parler au monde de la Palestine. »

Lundi, les évêques de Terre sainte ont accusé Israël d’avoir « manqué de respect » à l’Eglise suite à l’intervention de la police israélienne lors des funérailles de la journaliste vendredi. Lors de la procession, le cercueil de Shireen Abu Akleh avait failli tomber des mains des porteurs frappés par des policiers armés de matraques avant d’être rattrapé in extremis, selon des images des télévisions locales.

Le père Ibrahim a également « fermement condamné » cette manifestation de violence.

Camille Westphal Perrier

Crédit image : Shutterstock / Phil Pasquini

Articles récents >

Le pape François dénonce les tortures des prisonniers de guerre

outlined-grey clock icon

Les nouvelles récentes >