La question de l’avortement, un facteur décisif lors des élections de mi-mandat aux États-Unis

La vague rouge annoncée, celle d’un large triomphe des républicains aux élections de mi-mandat, le 8 novembre dernier, n’a pas eu lieu, les démocrates conservent le Sénat et suivent pour le moment d’assez près leurs adversaires au nombre d’élus à la Chambre des représentants. Sous-estimée, la question du droit national à l’avortement a fortement déterminé les votes.

Considéré comme principal responsable d’une éventuelle lourde défaite du Parti démocrate, le président Joe Biden avait annoncé le 18 octobre qu’une victoire des candidats de son parti permettrait d’inscrire l’avortement dans une loi pour en faire un droit fédéral. Les démocrates promettaient ainsi de contredire l’arrêt Dobbs v. Jackson Women’s Health Organization du 24 juin dernier, par lequel la Cour suprême avait statué que chaque État pouvait interdire ou autoriser l’avortement.

À quatre jours des élections, l’institut de sondage Rasmussen Reports donnait cinq points d’avance aux républicains, en relevant toutefois que l’écart s’était réduit de cinq points par rapport à la mi-juillet. La situation économique très défavorable, avec une inflation à 7,7 % en octobre dernier par rapport à la même période en 2021, ainsi que l’insécurité étant considérés comme pénalisantes pour les démocrates.

L’avortement, un élément déterminant du clivage électoral

Cependant, un sondage à la sortie des urnes pour NBC News indique que si l’inflation est la priorité de 32 % des électeurs, celle de l’avortement est la deuxième, à 27 %, loin devant la criminalité (12 %) ou les problèmes migratoires (10 %).

Une préoccupation qui peut transcender les clivages politiques, comme le souligne le New York Times qui mentionne Urica Carver, républicaine qui a voté démocrate en Pennsylvanie :

« L’avortement était mon principal problème […] S’ils ne défendaient pas ce droit, peu importe qui ils étaient, ils n’auraient pas bénéficié de mon vote. »

Cette mère célibataire de six enfants a décidé de soutenir les démocrates près la décision de la Cour suprême de ne plus considérer l’avortement comme un droit fédéral. Elle souhaite que ses filles puissent y recourir.

Selon un autre sondage réalisé à la sortie des urnes pour CNN, 76 % des électeurs ayant fait de l’avortement leur priorité ont voté pour les démocrates. Les électeurs de six États devaient également se prononcer directement sur le sujet, ils ont choisi d’inscrire le droit à l’avortement dans leurs constitutions en Californie, dans le Michigan et le Vermont, tous des États démocrates.

Parmi les autres États, les électeurs du républicain Kentucky ont rejeté à 52,37 % un amendement déclarant inconstitutionnel un droit à l’avortement. Selon le Times, si les opposants à l’avortement ont voté, les électeurs partisans de ce droit ou opposés à l’ajout de restrictions se sont davantage mobilisés.

Certains gouverneurs républicains qui avaient signé des lois interdisant ou restreignant fortement l’accès à l’avortement ont cependant été largement réélus, ainsi Ron DeSantis avec 59,4 % en Floride ou Greg Abbott avec 54,8 % au Texas.

Jean Sarpédon

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