
Dimanche 26 janvier, les rebelles antigouvernementaux du M23 ont pénétré dans le quartier de Munigi, dans la banlieue nord de Goma en République Démocratique du Congo, a annoncé l'ONU. De son côté, l’artiste chrétien El-Georges a appelé la jeunesse congolaise à "sortir de la distraction" et à "prendre conscience" de la guerre en cours.
"Les routes sont bloquées et l’aéroport ne peut plus être utilisé pour l’évacuation ou les efforts humanitaires. Nous sommes pris au piège."
C’est par ces mots que la Représentante spéciale du Secrétaire général de l’ONU en RDC, Bintou Keita, a alerté sur la situation à Goma. Les rebelles du M23, soutenus par le Rwanda, sont entrés dans le quartier de Munigi, dans la banlieue nord "semant la panique dans le chef-lieu du Nord-Kivu et provoquant des déplacements de population massifs", le 26 janvier selon l'organisation onusienne.
L'artiste chrétien El George a réagi en publiant un message d'alerte sur Instagram appelant la jeunesse congolaise à "prendre conscience" de la situation dramatique sur place. "On est en guerre les gars, on en guerre !!! Quand est-ce qu’on prendra finalement conscience de cela", a-t-il notamment écrit.
Ces derniers jours, les rebelles ont pris la ville stratégique de Sake, située à 25 kilomètres de Goma. Selon le Coordonnateur humanitaire de l’ONU en RDC, M. Bruno Lemarquis, cette prise menace des millions de civils.
400 000 déplacés
Les récentes offensives ont amené "plusieurs centaines de milliers de personnes" à fuir les zones de combats, affirme le Coordonnateur humanitaire de l’ONU.
"Depuis les nouvelles offensives du M23 autour de la ville de Goma le 23 janvier 2025, plusieurs centaines de milliers de personnes ont de nouveau été forcées de fuir les multiples zones de combats en cours, alors que les capacités d’accueil et d’assistance aux personnes dans le besoin sont déjà saturées."
De son côté, L’UNHCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, avance le nombre de 400 000 déplacés "pour cette année seulement". Elle affirme qu’"au moins 80% de la population" de la province du Sud-Kivu a fui vers la ville de Goma depuis le début du mois.
"Au nom de la communauté humanitaire, je rappelle à toutes les parties au conflit armé les obligations qui leur incombent en vertu du droit international humanitaire : les civils, ainsi que les infrastructures civiles fournissant des services essentiels, ne doivent jamais être pris pour cible" a conclu M. Bruno Lemarquis.
Depuis plus de trente ans, les combats s’enchaînent dans cette partie du monde riche en ressources naturelles, telles que le coltan, l’or, les diamants et le cobalt. "L’exploitation de ces minerais est un moteur important de conflits prolongés entre les groupes armés (110 dans le pays, NDLR). Certains groupes sont financés par le contrôle qu’ils exercent sur une partie de ces ressources", explique Amnesty International. Plus de 6 millions de personnes sont décédées depuis 1996.
Mélanie Boukorras