Podcast « Les Fils d’Issacar » : L’indépendance de la Catalogne, un rêve ringard ?

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Bonjour, nous sommes le samedi 14 octobre 2017, et nous voici pour un nouvel épisode du podcast des « fils d’Issacar », une analyse hebdomadaire d’événements et nouvelles depuis une vision du monde chrétienne tenue par Etienne Omnès et moi-même (Timothée Davi) !

Nous vous souhaitons d’ores et déjà une bonne écoute/lecture !

L’indépendance de la Catalogne, un rêve ringard ?

Ce vingt-sixième épisode des Fils d’Issacar traitera de l’épisode de ce dimanche dernier, dûment commenté dans les journaux : le vote pour l’indépendance de la Catalogne. « Les indépendantistes catalans n’ont pas de chance. Ils arrivent trop tard dans une Europe trop vieille, où on a le patriotisme honteux, où les élites se la jouent citoyens du monde et grands européens » note non sans humour le journaliste Éric Zemmour. Et oui, un peuple se considérant comme opprimé qui « prend les armes », c’était « chic et branché » aux 18e et 19e siècles avec la France en 1789 puis ces révolutions des peuples que connut l’Europe en 1848, mais plus aujourd’hui. Non, aujourd’hui, l’on regarde ce peuple catalan et ses désirs d’indépendance et l’on se demande quelle mouche a bien pu les piquer.

Pourtant, cela ne l’a pas empêché de voter ce dimanche dernier à 48% pour son indépendance dans un référendum dont personne ne semble sûr de la validité. Mais quel est ce brouhaha dans les médias s’ils n’ont recueilli que 48% me direz-vous. Le fait est que le vote indépendantiste a conquis la majorité absolue des sièges au Parlement régional et tel est ce qui compte au final dans ce système politique. La victoire est d’autant plus remarquable que les partis se profilant derrière cette victoire représentent une coalition hétéroclite allant de la gauche, la plus représentée, à la droite ; exploit que Florian Philippot, l’ex-ponte du FN, a essayé de recréer en France sans y parvenir. C’est que, contrairement à la France, l’ancrage majoritairement à gauche de l’indépendantisme catalan lui permet de s’attirer la sympathie d’un plus grand nombre d’électeurs et même d’une poignée d’élites mondiaux.

Mais voilà, comme précisé plus haut, la validité du vote est douteuse. L’autonomie de ses régions est garantie par l’Espagne, mais certainement pas l’indépendance, ce dernier allant à l’encontre de l’article 2 de la Constitution espagnole et étant dès lors illégal ; chose assez logique par ailleurs. C’est un coup de force allié à une manipulation de l’information que seul le 21e siècle a pu rendre possible qui a permis à ce faux vote de faire la une de tous les médias.

Enfin, et je reprends ce dernier paragraphe d’un excellent article récapitulatif du journal Le Monde avec l’AFP (cf. l’article suivant). Le gouvernement espagnol a donc lancé, mercredi 11 octobre, un compte à rebours avant de déclencher l’article 155 de la Constitution espagnole, une procédure inédite qui permet la mise sous tutelle d’une région. Les autorités catalanes ont jusqu’au lundi 16, 10 heures, pour dire si oui ou non elles ont déclaré l’indépendance de la région. Le discours de la figure de proue de l’indépendantisme catalan, Carles Puigdemont, étant en effet ambigu annonçant tout et son contraire.  Si les autorités catalanes annoncent à Madrid qu’elles ont bien déclaré l’indépendance ou si elles ne répondent pas, alors le gouvernement espagnol donne trois jours supplémentaires, jusqu’au jeudi 19 octobre, 10 heures, pour renoncer à cette indépendance. En cas de refus de Barcelone, Madrid enclenchera la procédure encadré par l’article 155 de la Constitution. Ordre qui, sans être pour autant limpide, indique clairement qu’une situation de non-retour sera atteinte.

Quel événement ! Il n’est cependant pas né d’hier et un petit récapitulatif de l’indépendantisme ne ferait pas de mal à ce stade. Retenons-en cinq points principaux :

  • L’identité catalane, c’est une langue, une histoire et une culture commune. La Catalogne fut annexée par l’Espagne au 15e siècle, un peu malgré eux. Rappelons-nous cela dit que l’Espagne a toujours assumé être une nation « union de nations ».
  • Durant la guerre de succession en Espagne, la Catalogne avait déjà essayé de prendre son indépendance le 11 sept 1714. C’est d’ailleurs le jour de la fête nationale catalane.
  • Ensuite, durant l’ère Franco, les Catalans sont particulièrement réprimés et la langue catalane devient interdite à l’usage.
  • En 1978, toutes les régions espagnoles deviennent des régions autonomes. L’Espagne pensait ainsi étancher la soif d’indépendance de ses régions, dont la Catalogne. Cependant, tel ne fut pas le cas, comme le montre ce vote pour l’indépendance de la Catalogne.
  • En dernier lieu, Barcelone est riche, très riche et une partie du problème provient du fait qu’elle ne veut pas payer pour le reste d’un pays dont elle ne pense pas faire partie. Notons que dans l’ensemble de l’Union européenne, se sont souvent les régions riches qui désirent se rebeller, ainsi la Catalogne, l’Écosse (et son pétrole), la Flandre belge ou encore l’Italie du Nord.

Prenons à présent le temps d’analyser l’événement d’un point de vue chrétien. Tâche difficile, mais non impossible à laquelle nous nous attellerons en utilisant le concept théologico-politique chrétien pensé par Augustin d’Hippone, un théologien des 4e et 5e siècles après Jésus-Christ : la « division » du monde entre la cité de Dieu et la cité des hommes. Expliquons rapidement le concept.

Ces deux villes, sociétés ou peuples se caractérisent par les standards par lesquels ils vivent : la cité des hommes vit par les standards de la chair, tandis que la cité de Dieu vit par ceux de l’Esprit. Au final, ce qui distingue ces deux cités est leur amour : « Deux amours ont donc bâti deux cités : l’amour de soi-même jusqu’au mépris de Dieu, celle de la terre, et l’amour de Dieu jusqu’au mépris de soi-même, celle du ciel. L’une se glorifie en soi, et l’autre dans le Seigneur. » (La cité de Dieu, 14. 28).

L’on prendra quelques libertés par rapport aux concepts, mais ils nous aideront tout de même à amorcer une esquisse d’analyse de l’événement catalan. Analysons-le donc sous deux perspectives :

Premièrement sous le prisme de la « la cité des hommes » :

Une cité, une vision du monde motivée par l’amour de soi et l’autosuffisance au point de tomber dans le déni de Dieu, une cité caractérisée par son horizontalité stricte nous dit Augustin. À ce propos, que penser de la fierté d’une personne pour sa nationalité, sa langue, sa culture et son histoire ? Est-ce nécessairement pécheur ?

Pensons à Babel en Genèse 3 et à la dispersion des peuples par le Seigneur. Le risque était qu’étant un, ils ne pouvaient faire autrement que de s’élever contre lui, pécheurs que nous sommes ; par la division des Hommes en différents peuples, le Seigneur a empêché cette situation de ressurgir. Les peuples et cultures existant autour du globe représentent une réalité de la création. Chose complexe cependant est le fait que c’est une réalité tolérée par Dieu, mais non pas une réalité relevant de son plan parfait et initial pour nous.

Encore une fois, de la Genèse à l’Apocalypse, ce qui est craint est une fausse unité des peuples, car cette unité, si elle ne s’achève pas au travers de Christ, ne peut que s’achever au travers de Satan, l’homme étant marqué par la rébellion en la totalité de son être. C’est au travers d’Abraham et de sa descendance, c’est-à-dire Christ et au travers de Christ que juif et non-juifs sont appelés à être réunis en un seul peuple restauré par grâce (Gal 3, 16).

Cependant, si la diversité ethnique est bonne, un risque bien réel se profile toujours dans les idéologies nationalistes : un amour de soi qui peut pousser à un racisme décomplexé, sans amour du prochain ni déni de soi. Et cela va bien évidemment à l’encontre de l’évangile de notre Seigneur (Lv 19, 18 ; Mt 22, 39).

Deuxièmement, analysons l’événement sous le prisme de « la cité de Dieu » :

Une cité motivée par l’amour de Dieu allant jusqu’au déni de soi, une cité qui transcende ou essaye de transcender l’horizontalité nous dit encore une fois Augustin.

L’idée d’un seul peuple unifié, au-delà de races et cultures, existe bel et bien dans la Bible comme nous l’avons vu. « Il n’y a plus ni Juif ni non-Juif, […] car vous êtes tous un en Jésus-Christ. » nous dit Galatiens 3, 28. Tel est le but vers lequel languit nos âmes : nous le savons au plus profond de nous : les cultures, races et nationalités ne nous définissent pas autant que nous le pensons en tant qu’êtres humains. Nous sommes tous créés à l’image de Dieu, destinés à être un peuple uni en Lui et pour Lui. Et cette unité, lorsqu’elle est recherchée et partiellement accomplie en partie en Jésus-Christ dans son Eglise est ce qu’il y a de meilleur. Lorsque je loue avec des frères et sœurs venant des quatre coins du monde et que nous nous sentons pourtant plus proches les uns des autres à cause de Jésus-Christ seul, quel miracle ! Quel miracle lorsqu’un Tutsi dit à un Hutu « tu es mon frère » ou un polonais à un russe ! C’est ce que décrivait déjà le livre de l’Apocalypse au chapitre 7, versets 9 et 10 : « Après cela, je regardai et je vis une foule immense que personne ne pouvait compter. C’étaient des hommes de toute nation, de toute tribu, de tout peuple et de toute langue. Ils se tenaient debout devant le trône et devant l’Agneau, habillés de robes blanches, des feuilles de palmiers à la main, 10 et ils criaient d’une voix forte : « Le salut est à notre Dieu qui est assis sur le trône et à l’Agneau. » »

Mais voilà, ce rêve et idéal d’unité, répétons-le, n’est réalisable et ne s’est réalisé que dans le cadre de l’Église. Et lorsque le monde tente de réaliser tels rêves d’unité, ils tombent presque invariablement dans le totalitarisme politique spirituel. Ces rêves d’universalisme, sans l’évangile, ne peuvent que nous effrayer à juste titre.

L’Europe et le monde postmoderne en général tentent de réaliser ce rêve et n’y arrivent pas et ne peuvent y arriver sur le long terme. Comme tous les grands empires, de Rome jusqu’à aujourd’hui en passant par Napoléon, cela ne dure jamais plus que quelques centaines d’années au maximum. De par la grandeur du but donné et son impossibilité à cause du cœur pécheur de l’Homme et à cause du fait que Dieu ne veut pas que cela arrive sinon par Christ, l’on ne peut que sourciller face aux universalismes modernes.

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Que penser de l’indépendance catalane dans tout ça ? Oui aux peuples et à leur diversité, à leur désir d’indépendance, mais non au racisme et au caractère belliqueux pouvant l’accompagner. Non au rêve mégalomane d’universalisme de la part de ceux qui ne se reposent pas en Christ, mais oui à la paix entre les peuples et la compréhension mutuelle. Telle est la position politique paradoxale, voire même indécise du chrétien, tel est notre calvaire. Gloire à Dieu cependant de ce qu’il montre sa gloire en réunissant dans son église dans la paix et l’amour des hommes et femmes de toutes ethnicités.

Merci d’avoir écouté Les fils d’Issacar. Pour retrouver l’intégralité des épisodes, rendez-vous sur le journal en ligne « Infochrétienne » (trois fois w point Infochretienne point com) et sélectionnez « Timothée Davi » dans le menu « Chroniqueurs ».

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Je vous donne rendez-vous la semaine prochaine pour un nouvel épisode des fils d’Issacar qui sera présenté cette fois par Etienne Omnès. Que vous puissiez dériver votre identité du Dieu de grâce qui nous a rachetés en Jésus-Christ. Contemplons toujours le fait que c’est du ciel que nous sommes nés ; notre citoyenneté est céleste.

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