Thanksgiving et la quête de justice et de paix au milieu des injustices

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Jour de reconnaissance dans divers pays du Nouveau monde surtout, Thanksgiving est connu sous sa déclinaison américaine. Ce jeudi, comme tous les quatrièmes jeudis de novembre, les États-Unis vivent cette journée d’action de grâces devenue laïque en commémorant une fête associant les Pères pèlerins et des Indiens wampanoags, en 1621 dans le Massachusetts.

Si des fêtes de reconnaissance sur le sol des futurs États-Unis avaient déjà lieu en Virginie dès 1607, c’est le Thanksgiving de 1621 qui marque l’imaginaire américain. Lorsque les Pères pèlerins débarquèrent à Plymouth en 1620, Massasoit, le chef des Wampanoags éprouvés par une épidémie, proposa aux nouveaux venus une alliance afin d’avoir leur protection face à leurs ennemis narragansetts. Deux d’entre eux au moins parlaient déjà anglais, et la tribu avait déjà combattu des Européens. Dans le cadre de cette alliance, les Wampanoags soutinrent les colons pour leur éviter de périr faute de nourriture. Les Anglais convièrent, par la suite, plus de 90 Indiens à un banquet et des jeux organisés pendant trois jours, alors que traditionnellement Thanksgiving se fêtait par le jeûne et la prière. Ces derniers vinrent avec des victuailles.

Un Thanksgiving prolongé par la justice et outil d’unité nationale devant Dieu

L’alliance a suscité de nombreux mythes que dénonce l’historien David J. Silverman, notamment celle d’une aide désintéressée. L’historien rappelle que des malentendus sur les achats de terre, alors que les Wampanoags ne comprenaient pas le concept d’achat et pensaient se faire ainsi spolier, mais également de vraies arnaques foncières, ont engendré un violent conflit, la guerre du Roi Philip, du surnom de Metacom, le fils de Massasoit. Aujourd’hui, Thanksgiving est un jour de deuil pour les Wampanoag.

Cependant, les colons de la colonie de Plymouth avec qui la tribu avait noué une entente eurent l’occasion de faire montre de leurs bonnes dispositions dans un premier temps, avant que n’arrivent d’autres Anglais occupant de plus en plus de terres. Parmi ces derniers, trois hommes sans morale furent impliqués en 1638 dans le meurtre d’un Indien en vue de le dépouiller. Il put se relever pour rejoindre son village et témoigner auprès des siens et de pèlerins, les trois coupables furent identifiés, jugés et pendus par les colons. Les Indiens furent invités à assister à l’exécution, afin qu’ils constatent que leurs vies comptaient autant que celles des Anglais. Si la motivation des autorités n’était pas dénuée d’intérêts politiques, la volonté de rendre justice n’en était pas moins présente, les puritains croyant en l’égale dignité de chaque vie humaine.

C’est le 3 octobre 1789 que le président George Washington proclama le premier Thanksgiving national, avant d’itérer l’initiative six ans plus tard. Deux de ses successeurs, John Adams et James Madison proclamèrent trois célébrations de Thanksgiving entre 1798 et 1814. C’est depuis une proclamation du président Abraham Lincoln en 1863 que Thanksgiving est une fête fédérale observée chaque dernier jeudi de novembre.

De même que le banquet de 1621 avait affermi l’alliance entre les colons et les Wampanoags, Lincoln se servit de son souvenir pour apaiser les blessures après la guerre de Sécession. Encouragé par Sarah Josepha Hale, rédactrice en chef du Godey’s Lady’s Book, le président proclama le dernier jeudi de novembre 1863 comme le jour où Dieu serait remercié « comme d’un seul cœur et d’une seule voix par tout le peuple américain », faisant d’une fête du nord abolitionniste une célébration pour toute la fédération.

Jean Sarpédon

Crédit image : Shutterstock/ Rawpixel.com

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