Des Afghans repoussés par des tirs illégaux aux frontières de l’Iran et de la Turquie selon Amnesty International

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« J’ai entendu mon fils m’appeler en hurlant. Il avait reçu deux balles dans les côtes. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé ensuite. Je me suis évanouie […] Lorsque j’ai repris conscience, j’étais en Afghanistan. J’ai vu que mon fils était mort. J’étais à côté de son corps, dans un taxi. »

Le 31 août, Amnesty International a dénoncé dans un communiqué le fait que les forces de sécurité de l’Iran et de la Turquie ont renvoyé illégalement de force à de nombreuses reprises des Afghans tentant de franchir les frontières de ces pays afin de se mettre en sécurité, notamment en ouvrant illégalement le feu sur des hommes, des femmes et des enfants.

Dans un nouveau rapport intitulé ‘Ils ne nous traitent pas comme des humains’, l’organisation a aussi recensé de nombreux cas dans lesquels les forces de sécurité, principalement à la frontière iranienne, ont tiré directement sur des personnes tandis que celles-ci escaladaient des murs ou rampaient sous des clôtures.

Amnesty International dénonce également les détentions arbitraires auxquelles sont soumis les Afghans parvenus à entrer en Iran ou en Turquie, ainsi que les actes de torture et d’autres formes de mauvais traitements avant d’être illégalement renvoyés de force.

Un an après la prise de Kaboul par les talibans, l’organisation a mené une enquête sur place. Parmi les chercheurs qui se sont rendus en Afghanistan en mars 2022, se trouve Marie Forestier.

« Un an après la fin des évacuations par voie aérienne au départ de l’Afghanistan, un grand nombre des personnes restées sur place risquent leur vie pour quitter le pays. Des Afghans ayant cheminé vers les frontières iraniennes et turques au cours de l’année écoulée afin de se mettre en sécurité ont au lieu de cela été renvoyés de force et visés par des balles. Nous avons recueilli des informations montrant comment les forces iraniennes de sécurité ont illégalement tué et blessé des dizaines d’Afghans depuis août dernier, notamment en ouvrant le feu sur des voitures surchargées. Les garde-frontières turcs ont également utilisé de manière illégale des balles réelles contre des Afghans, tirant en l’air afin de leur faire rebrousser chemin et faisant également feu sur eux dans certains cas. »

« Les dangers ne prennent pas fin à la frontière », déplore-t-elle, avant de demander « aux autorités turques et iraniennes de mettre immédiatement fin à l’ensemble des expulsions et renvois forcés illégaux d’Afghans, ainsi qu’à la torture et aux autres formes de mauvais traitements, et de garantir un passage sécurisé et l’accès à des procédures d’asile à tous les Afghan·e·s en quête de protection ».

L’une des 35 personnes interviewées, raconte :

« [La police] nous visait directement, elle ne tirait pas en l’air […] J’ai vu une femme et deux enfants blessés. Un enfant de deux ans a reçu une balle dans le rein, et un enfant de six ans au niveau de la main. J’avais très peur. »

Un autre afghan, décrit comment son neveu de 19 ans a été tué par balle en août 2021.

« Il est arrivé au mur frontalier, l’a escaladé et a relevé la tête quand il est arrivé tout en haut. Il a pris une balle dans la tête, à la tempe gauche. Il est tombé à terre, du côté [afghan] de la frontière. »

« J’ai entendu mon fils m’appeler en hurlant », raconte une mère afghane.

« Il avait reçu deux balles dans les côtes. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé ensuite. Je me suis évanouie […] Lorsque j’ai repris conscience, j’étais en Afghanistan. J’ai vu que mon fils était mort. J’étais à côté de son corps, dans un taxi. »

Selon Marie Forestier, « tous les homicides résultant d’un recours délibéré et illégal à des armes à feu par des représentants de l’État doivent donner lieu à des enquêtes pour de possibles exécutions extrajudiciaires ».

M.C.


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