Pakistan : Être chrétien dans cette république islamique

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Au Pakistan, 1ère république islamique reconnue internationalement, les chrétiens représentent seulement 1,3% de la population. Communauté minoritaire, face aux 95% de musulmans, elle subit un harcèlement et une violence sociale quotidienne.

Les chrétiens ne sont pas la seule communauté minoritaire au Pakistan. Ils vivent, entre autre,  aux côtés des hindous, bouddhistes et ahmadis. Ces derniers, musulmans, subissent également une pression extrême. Quelle peut donc être la vie d’un chrétien dans une république soumise à la Charia ? Qu’en est-il de l’emploi, de la famille et  de la vie sociale ?

Dans le cadre des Nations Unies, le Comité des droits de l’Homme a établi un rapport sur ses observations concernant le Pakistan. Il dénonce l’absence d’un cadre législatif apte à protéger les minorités et invite le gouvernement à « prendre toutes les mesures nécessaires » et offrir « une protection complète et efficace contre la discrimination dans tous les domaines ».

Le rapport international sur la liberté religieuse, mené par les USA, dresse un bilan catastrophique sur le quotidien des chrétiens et des autres minorités :

« Il existe de nombreux rapports de violence sociale liées aux allégations de blasphème ; aux efforts des individus pour contraindre les minorités religieuses à se convertir à l’islam, y compris les conversions forcées de jeunes filles ; et au harcèlement social, à la discrimination, et aux menaces de violence dirigées vers les membres des communautés religieuses minoritaires. »

Les Nations Unies font écho d’une « discrimination généralisée » des enfants issus de minorités religieuses. Les jeunes filles chrétiennes sont enlevées, séquestrées, victimes de viols collectifs, puis mariées de force et converties à l’islam. Elles subissent la polygamie et peuvent être victimes de brûlures domestiques, jets d’acide...

Les mineurs peuvent, au même titre que les adultes, subir les hududs, peines prévues par le Coran : « amputation, flagellation, lapidation et autres formes de punition cruelle et dégradante. »

« Le Comité déplore le rapport à la torture systématique et répandu et de mauvais traitements des enfants dans les postes de police et les prisons du pays. »

Les chrétiens pakistanais sont marginalisés socialement. Certains, comme Samuel, sont contraints à vivre dans des bidonvilles, sans accès à l’eau potable et dans l’insécurité alimentaire. Pour ces minorités, les Nations Unies parlent de « ségrégation de fait dans des zones isolées, sans accès équitable à l’emploi, à la santé, à l’éducation et à d’autres services de base, un phénomène qu’accentue la violence accrue à leur encontre ».

Le rapport international des USA note que les chrétiens sont largement discriminés sur le plan de l’emploi. Il leur est difficile de trouver un travail autre que dans des tâches subalternes. En ce qui concerne l’engagement dans la vie politique, les représentants des minorités religieuses parlent d’un « plafond de verre » qui leur bloque l’accès aux postes à responsabilité.

Alors que le taux de chômage est élevé chez les chrétiens, ils sont également victimes de situations relevant de  l’esclavage. Les enfants ne sont pas épargnés. Les chiffres du rapport des Nations Unies sont accablants.

« 2 millions d’enfants âgés de 10 à 14 ans travaillent et que 28% d’entre eux sont employés à des travaux dangereux. »

Selon le rapport des USA, « le gouvernement échoue à prendre des mesures adéquates pour protéger les minorités du travail en servitude dans les usines de briques et le secteur agricole, une pratique illégale dans laquelle les victimes sont de manière disproportionnée des chrétiens et des hindous. »

Au milieu de la propagande haineuse, certaines voix s’élèvent au Pakistan pour lutter contre cette discrimination. Ils subissent alors une pression extrême, comme le souligne le rapport des Nations Unies :

« Le Comité s’inquiète du nombre élevé de cas d’intimidation, d’enlèvement et d’assassinat de défenseurs des droits de l’homme, d’avocats et de journalistes oeuvrant en faveur des droits des minorités, ainsi que des mesures limitées prises par l’Etat partie pour enquêter sur ces cas et traduire en justice les auteurs de tels actes. »

Ségrégation, harcèlement, discrimination, servitude... Loin de voir une issue favorable, le rapport de 2018 de la Commission des Etats Unis sur la liberté religieuse internationale, craint une hausse des menaces faites aux minorités religieuses, pourtant déjà en situation précaire.

La rédaction

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