Pakistan : Un chrétien condamné à mort pour blasphème 

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Ashfaq Masih, chrétien pakistanais, a été condamné à mort pour blasphème le 4 juillet dernier. Lors de son procès, il n’a cessé de rappeler qu’il était victime de fausses accusations. 

Ashfaq Masih, chrétien de 36 ans, a été condamné à mort par la justice pakistanaise pour blasphème le 4 juillet dernier.

Il avait été arrêté en 2017, suite à une dispute avec un client musulman, car celui-ci refusait de payer la réparation de son vélo sous prétexte qu’il était un dévot musulman soufi. Son avocat, Riaz Anjum, précise qu’Ashfaq Masih « a rejeté sa demande, disant qu’il suivait seulement Jésus et qu’il n’était pas intéressé par les statuts religieux des musulmans ».

A la suite de cette altercation, la police locale a arrêté le chrétien pour avoir manqué de respect au prophète Mahomet.

Tout au long du procès, Ashfaq Masih a clamé son innocence. Il a dénoncé les fausses accusations faites à son encontre par le plaignant Muhammad Irfan. Il a affirmé avoir été piégé par le propriétaire des murs de sa boutique, Muhammad Ashfaq, qui se serait associé avec son concurrent direct, Muhammed Naveed, pour lui nuire.

« Muhammad Ashfaq avait fait pression sur Masih pour qu’il quitte le magasin, ignorant les appels de ce dernier à ne pas déplacer son entreprise en cours », a déclaré son avocat à Morning Star News.

« Masih pense qu’Ashfaq et Naveed ont conspiré pour l’impliquer dans une affaire de blasphème en utilisant Irfan. »

Lors du procès, l’avocat a en outre rappelé au juge qu’aucun blasphème ne figurait dans le premier rapport d’information. L’allégation de blasphème aurait été faite par Muhammad Ashfaq, le propriétaire des murs de la boutique de l’accusé, lorsqu’il a fait sa déclaration à la police.

L’avocat ajoute qu’Ashfaq et d’autres musulmans se sont rendus dans la boutique de Masih et ont affirmé l’avoir vu insulter le prophète de l’islam. Il précise que « nulle part dans le témoignage enregistré ou le FIR, il n’y a de mention des propos blasphématoires présumés ».

En outre, Riaz Anjum indique que le plaignant principal dans cette affaire, le musulman soufi, ne s’est pas présenté au procès pour témoigner.

« Le procureur a ‘abandonné’ le témoin principal qui était le plus pertinent pour l’affaire et n’a présenté que deux des cinq témoins au total au cours du procès, et même leurs déclarations étaient contradictoires », a poursuivi l’avocat.

Ces arguments n’ont pas suffi à convaincre le juge Khalid Wazir qui a condamné Ashfaq Masih à mort à l’issue du procès.

Joseph Jansen, le président de Voice for Justice, s’est exprimé sur cette décision du tribunal. Dans une déclaration à AsiaNews, il affirme que la condamnation de Masih crée de la peur chez les chrétiens pakistanais, notamment pour ceux qui sont accusés de blasphème.

Il rappelle en outre que dans la plupart des cas, ces accusations sont « fausses ou liées à des vengeances et à des disputes personnelles plutôt qu’à de véritables actes de diffamation » contre le prophète ou la religion islamique.

Au Pakistan, classé 8e dans l’Index Mondial de Persécution des Chrétiens 2022 de l’ONG Portes Ouvertes, les accusations de blasphèmes sont monnaie courante.

Selon l’organisation, les chrétiens pakistanais « vivent sous la menace des lois sur le blasphème qui sont souvent utilisées contre eux. Ils peuvent être injustement accusés, arrêtés, emprisonnés, voire condamnés à mort, par simple jalousie ou pour régler des conflits personnels ».

Mélanie Boukorras


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