Au Nicaragua, le gouvernement ferme deux universités liées à l'Eglise catholique

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Deux universités liées à l'Eglise catholique ont été fermées mardi par le gouvernement Ortega au Nicaragua.

Au Nicaragua, deux universités liées à l'Eglise catholique ont été fermées mardi par le gouvernement, qui a également décrété la saisie de leurs biens. Cette décision a été annoncée au lendemain de la privation de statut légal à 18 syndicats patronaux dans le cadre d'une vaste répression des opposants.

Les mesures prises à l'encontre des universités, qui possèdent des campus dans plusieurs villes, ont été publiées au Journal officiel. Leur statut juridique a été annulé en raison d'infractions présumées à une récente loi approuvée par le Parlement, allié de la présidence.

Leurs biens vont être saisis et transférés à l'Etat. Les informations concernant les étudiants et les professeurs, qui seront réintégrés dans d'autres établissements agréés, doivent être remises au Conseil national des universités (CNU).

Le gouvernement du président Daniel Ortega est accusé par l'ONU, les chancelleries occidentales et les organismes de défense des droits de l'Homme d'écraser toute opposition. Depuis les manifestations antigouvernementales violemment réprimées en 2018, qui ont fait plus de 350 morts, des centaines d'opposants ont été emprisonnées au Nicaragua et plus de 100 000 ont choisi l'exil.

Parmi les abus soulignés dans le rapport, le groupe d'experts des droits de l'homme des Nations Unies sur le Nicaragua rapporte "les exécutions extrajudiciaires, les détentions arbitraires, la torture, la privation arbitraire de la nationalité et du droit de rester dans son propre pays."

Les experts dénoncent le fait que la population "vit dans la crainte des actions que le gouvernement lui-même peut prendre contre elle".

"Ces violations et abus ont été perpétrés de manière généralisée et systématique pour des raisons politiques, constituant des crimes contre l'humanité de meurtre, d'emprisonnement, de torture, y compris de violence sexuelle, de déportation forcée et de persécution à motivation politique."

Ils l'affirment, les violations des droits de l'homme, qui se produisent depuis avril 2018, "ne sont pas un phénomène isolé, mais le produit d'un processus planifié de démantèlement de la séparation des pouvoirs et des garanties démocratiques et d'une forte concentration du pouvoir dans les figures du Président et du Vice-président de la République".

Angela Buitrago, experte du groupe onusien, ajoute que "toutes ces actions sont possibles parce que l'État a été utilisé comme une arme de persécution contre la population".

"Pour accélérer ce processus, les autorités ont cherché à persécuter, criminaliser et éliminer toute voix d'opposition. Des milliers de défenseurs des droits de l'homme, de travailleurs d'ONG, de militants, de journalistes, de leaders étudiants, de personnalités religieuses et d'artistes, ainsi que les principaux dirigeants nationaux et territoriaux de l'opposition politique, ont été contraints de quitter le pays."

Le gouvernement Ortega, qui fait l'objet de sanctions de la part des Etats-Unis et de l'Union européenne, s'était heurté aux représentants de l'Eglise catholique au Nicaragua, qui dénonçaient de nombreuses violations des droits de l'Homme, notamment la détention de centaines d'opposants, dont plusieurs candidats à la succession du président, emprisonnés avant les élections présidentielles de 2021.

M.C. (avec AFP)

Crédit image : Shutterstock / Claudine Van Massenhove

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