
Elle est devenue malgré elle un symbole de la persécution des chrétiens au Nigeria. Elle avait 14 ans quand elle a été kidnappée par Boko Haram et a refusé de renier Christ. Leah Sharibu vient d’avoir 16 ans, et cette année encore, elle ne fêtera pas son anniversaire en famille.
Enlevée le 19 février 2018 par des militants de Boko Haram, Leah Sharibu est la seule des 110 otages de l’école de Dapchi à être demeurée captive. Contrairement aux autres lycéennes enlevées le même jour, et malgré son très jeune âge, Leah avait refusé de renier sa foi. Face à sa détermination, les militants islamistes avaient refusé de libérer Leah. 455 jours se sont écoulés depuis le début de sa détention.
Et parce qu’ils n’ont pas réussi à convertir Leah de force, les islamistes ont décidé de faire d’elle leur « esclave à vie ». Une esclave domestique et très certainement également, une esclave sexuelle, selon les sordides habitudes de ce groupe armé djihadiste sévissant dans plusieurs régions d’Afrique, principalement autour du Lac Tchad.
Ce refus d’abandonner sa foi au péril de sa vie avait alors bouleversé son père :
« La confiance et la foi de ma fille m’ont fait réaliser que je vivais sous le même toit qu’une admirable disciple du Christ. »
Des mois se sont écoulés depuis la dernière preuve de vie. La famille de Leah demeure dans l’insoutenable attente de revoir un jour leur fille.
En octobre dernier, sa maman Rebecca envoyait un bouleversant appel à la prière aux chrétiens du monde entier.
« Je sais que dans le monde entier, les fidèles prient et continuent de prier pour la libération de ma fille, mais jusqu’à présent, je n’ai pas revu ma Leah. Je voudrais supplier les chrétiens : ne vous lassez pas de prier pour elle jusqu’à ce qu’elle revienne. »
N’oublions pas Leah...
L’insurrection djihadiste, qui a débuté au Nigéria en 2009, a fait au moins 27 000 morts et provoqué une grave crise humanitaire avec 2,4 millions de personnes déplacées, dont 1,7 million pour le seul Nigéria. Une « tragédie humanitaire » comme les Nations unies qualife la situation des habitants de l’état du Borno, situé au nord-est du Nigéria, à la frontière du Tchad et du Niger. Pour la zone du lac Tchad, 10,7 millions de personnes auraient besoin d’aide humanitaire, selon le Bureau de coordination humanitaire des Nations unies.
Lors du sommet des pays du lac Tchad consacré à la lutte contre Boko Haram en novembre dernier, les dirigeants du Nigeria, du Cameroun, du Tchad, du Niger, du Bénin et de la République centrafricaine ont concrétisé l’engagement résolu des pays participants dans la lutte contre « notre ennemi commun, Boko Haram et le rétablissement de la sécurité et d’une paix durable dans notre sous-région »,selon les propos du président Buhari. Les chefs d’état ont également appelé au « soutien de la communauté internationale » dans la « lutte contre le terrorisme ».
Florent Geel, responsable du Bureau Afrique de la FIDH et membre de la mission d’enquête au Tchad déclare dans un rapport international consacré à la résurgence de Boko Haram autour du Lac Tchad :
« La menace que représente Boko Haram est toujours bien réelle et d’actualité, peut-être encore plus depuis la scission du groupe armé en deux branches. Tous les témoignages et informations recueilli.e.s au lac Tchad vont dans le même sens : Boko Haram est à l’offensive. Au Nigéria où les djihadistes profitent de la séquence électorale chaotique ; au Niger où le groupe demeure actif ; et au Cameroun comme au Tchad où les incursions sont de plus en plus fréquentes malgré le retour de nombreuses personnes abusées ou enlevées. Le lac Tchad demeure l’un des principaux sanctuaires, quasi inexpugnable, de Boko Haram. »
H.L.
Lire aussi sur le même sujet :
Une seule jeune fille demeure otage de Boko Haram : Leah a refusé de renier sa foi chrétienne
Leah est l’esclave de Boko Haram depuis maintenant 1 an… Ne l’oublions pas
Les parents de Leah Sharibu s’expriment après plus de 320 jours de détention