Pakistan : un ouvrier chrétien se fait tirer dessus pour avoir réclamé son salaire

un ouvrier chrétien se fait tirer dessus pour avoir réclamé son salaire

Au Pakistan, un ouvrier agricole chrétien a été frappé avec des barres de fer et touché d'une balle dans la jambe pour avoir réclamé son salaire auprès de ses employeurs.

Le Pakistan est classé 7e dans l'Index Mondial de Persécution des Chrétiens de l'ONG Portes Ouvertes. L'organisation indique que dans ce pays d'Asie, les chrétiens largement minoritaires "sont considérés comme des citoyens de seconde classe et subissent de plein fouet les lois antiblasphème". En effet, selon Portes Ouvertes, "le nombre d’accusations de blasphème contre les chrétiens est en constante augmentation". En outre, ils souffrent "de la dictature", "de l’oppression islamique" et "sont victimes d’une discrimination institutionalisée". 

Une problématique encore et toujours d'actualité comme l'illustre une affaire survenue fin mars, récemment rapportée par Morning Star News.

Le 23 mars, Waqas Masih, un ouvrier agricole chrétien de 42 ans d'un village du district de Faisalabad dans la province du Pendjab, a été victime d'une violente attaque alors qu'il réclamait son salaire à ses employeurs. 

Persécutions systématiques

Le frère de la victime, Akash Masih, a expliqué à Morning Star News qu'il avait besoin d'argent afin d'acheter "des vêtements pour ses deux enfants pour les célébrations de Pâques". Alors qu'il suppliait ses employeurs, des propriétaires agricoles, de lui donner son dû, Waqas Masih a été brutalement attaqué avec des barres de fer. Il a ensuite été blessé par balle à la cuisse droite. 

"Nous avons pu l'emmener à temps à l'hôpital" a rapporté Akash qui a affirmé que son frère aurait pu mourir. Il a ajouté que si les deux suspects ont été arrêtés par la police, ils ont rapidement été libérés sous caution et sont retournés dans le village.

Il évoque des persécutions systématiques à l'égard des chrétiens dans ce village où ils sont minoritaires et dépendent de leurs employeurs, majoritairement musulmans, pour survivre. 

"Nous sommes très pauvres et la majorité des quelque 300 familles chrétiennes vivant dans le village travaillent comme ouvriers pour des propriétaires fonciers musulmans", a-t-il souligné affirmant qu'ils sont régulièrement soumis "à la cruauté et à la torture" car ils sont "faibles et impuissants". 

En outre, Akash Masih affirme que c'est la deuxième fois que son frère est agressé par ses employeurs. 

 "En décembre, mon père, mon frère Waqas et sa femme ont été attaqués chez nous alors qu'il demandait à ses employeurs de lui payer son salaire pour Noël."

Dans ce contexte difficile, la famille a décidé de vendre sa maison et de quitter le village. Il explique qu'ayant pris connaissance de leur projet, leurs employeurs ont tout fait pour les en empêcher, les forçant à payer des sommes en plus du prêt de leur maison, qui avait déjà été prélevé sur leur salaire. 

"Mon frère a payé 70 000 roupies pakistanaises (soit 230 euros NDLR) de plus que le montant du prêt, mais même dans ce cas, ils déduisent de l'argent de son salaire. Ils nous ont intentionnellement piégés dans cette servitude pour dettes pour nous empêcher de partir."

Il ajoute que la police locale est du côté des agresseurs qui sont des membres influents de la communauté. "Dans de telles circonstances, il y a peu d’espoir d’obtenir justice pour nous", se désole Waqas Masih qui appelle la police à rendre justice aux chrétiens et à les protéger "contre toute nouvelle exploitation". 

La pauvreté, un facteur aggravant

L'ancien ministre des minorités du Pendjab, Ejaz Alam Augustine, un chrétien affilié à la Ligue musulmane du Pakistan-Nawaz (le parti au pouvoir NDLR),  estime que le manque de ressources constitue le principal obstacle des minorités religieuses pour obtenir justice au Pakistan. 

"La majorité des chrétiens sont des gens pauvres, issus de la classe ouvrière, et considèrent leur statut de minorité comme un facteur aggravant de leur pauvreté."

"L’État de droit et une justice rapide sont une condition préalable à toute société civilisée", a-t-il déclaré à Morning Star News, ajoutant que "les auteurs de violences, en particulier lorsque les victimes appartiennent à des communautés vulnérables, doivent être sévèrement traités conformément à la loi". 

Camille Westphal


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